Affaire Bettencourt : réactions en chaîne, après les révélations de la juge Prévost-Desprez
Il sont plusieurs à réclamer une enquête ce matin, après les révélations de la juge Prévost-Desprez dans un livre. La magistrate de Nanterre, qui a instruit un volet de l'affaire Bettencourt, y révèle que l'infirmière de Liliane Bettencourt aurait vu Nicolas Sarkozy récupérer de l'argent en espèces chez la milliardaire, avant son élection en 2007.
Réactions de l'opposition
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"Je ne comprends pas que Mme la juge n'ait pas exprimé cela devant le
procureur même si je sais les pressions dont elle a été l'objet et dont elle s'est d'ailleurs plainte", a réagi Martine Aubry ce matin. "Je pense qu'aujourd'hui - je l'espère en tout cas - une nouvelle enquête
va être ouverte. C'est ce qui se passe normalement dans un pays où la justice est indépendante et libre", a ajouté la candidate à la primaire. -
Même chose du côté d'Arnaud Montebourg, qui demande également l'ouverture d'une enquête et dénonce une justice aux ordres. "Aujourd’hui nous avons des procureurs qui utilisent et instrumentalisent la justice pour accabler les adversaires du Sarkozysme et protéger ses partisans" a-t-il dénoncé.
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Sur l'ouverture d'une enquête, lui a préféré ne pas se prononcer, mais François Hollande a indiqué qu'"on ne peut pas en rester là". "Il y a trop d'utilisation de la police à des fins politiques, trop de pressions
sur la justice, trop de nominations de magistrats qui seraient supposés proches du pouvoir, trop de mises à l'écart d'autres magistrats plus indépendants...", a également dénoncé le candidat à la primaire. " Il n'est pas acceptable que la justice soit suspecte, il n'est pas acceptable que la police soit utilisée", a-t-il ajouté. -
Un quatrième candidat à la primaire a réagi ce matin, sur l'antenne de France Info. Manuel Valls dénonce le climat que provoque ce genre d'affaire : "c’est ce type de soupçon qui nourrit progressivement la crise de confiance entre les Français et les responsables politiques. Dès qu’il y a soupçon, il doit y avoir clarification".
Réactions de la majorité
Du côté de la majorité, le son de cloche est évidemment bien différent. L'Elysée avait réagi très rapidement dès la divulgation des accusations, les qualifiant d'"infondées, mensongères et scandaleuses".
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Dans un communiqué, François Fillon "regrette qu'au mépris de toute règle déontologique, de telles allégations visant le président de la République, à l'évidence dénuées de tout fondement, viennent nourrir la rumeur dans ce qu'elle a de plus détestable et de plus insidieux". Le Premier ministre souhaite également que les procédures en cours "viennent rapidement" mettre un terme à ces "manipulations".
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Ce matin, la porte-parole du gouvernement, Valérie Pécresse, estime également que "quand on a des accusations à porter, on ne le fait pas dans un livre ou dans la presse, on les porte devant la justice".
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Jean-François Copé, pour sa part, se dit "profondément choqué par ces allégations (...) parfaitement non démontrées". Le secrétaire général de l'UMP trouve "bizarre" que ces allégations émergent "à quelques mois de l'élection présidentielle", évoquant à demi-mot une manipulation politique.
"Quand on sait les conditions dans lesquelles notre justice fonctionne, parfaitement transparente, avec une séparation totale des pouvoirs, je trouve que cette manière de procéder est profondément choquante, et relève d'allégations politiciennes", a-t-il ajouté.Réaction de l'avocat général à la cour d'appel de Paris
Pour des proches de Nicolas Sarkozy, ces propos, rendus public dans un livre, sont donc " une atteinte à la déontologie de magistrat ".
Alors la juge Prévost-Desprez a-t-elle violé le secret professionnel ? Non, répond Philippe Bilger, avocat général à la cour d'appel de Paris. "C’est une déclaration qu’elle a faite dans le cadre d’un livre. On peut discuter de la légitimité d’une telle déclaration, mais je ne vois pas en quoi il serait interdit à un magistrat, même de fort caractère, d’émettre certains propos dans le cadre d’un livre" a-t-il déclaré sur France Info.
_ Et pour Philippe Bilger, poursuivre la juge "serait lui rendre un excellent service". Par contre il considère comme "une évidence" qu'elle doit être entendue par les magistrats instructeurs en charge du dossier à Bordeaux."Cela ne veut pas dire que je trouve que tout cela soit normal. On est dans un climat extrêmement délétère, mais il faut bien comprendre qu’il a commencé dès 2007, avec une hostilité marquée par le président de la République envers l’institution judiciaire ", conclut-il.
Clara Beaudoux, avec agences
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