Procès des viols de Mazan : la diffusion des vidéos ne sera pas "systématique", décide le président de la cour

Elles seront projetées "dans la présence unique des seules parties au procès et de la cour", après évacuation du public et des journalistes présents dans la salle.
Article rédigé par franceinfo
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Gisèle Pelicot arrive au procès au cours duquel comparaissent 51 hommes accusés de l'avoir violé, après que son ex-mari lui ait administré des médicaments, le 19 septembre 2024, à Avignon (Vaucluse). (ANNA MARGUERITAT / HANS LUCAS / AFP)

Faut-il diffuser les images jointes au dossier des viols de Mazan ? Au lendemain de la projection dans la salle d'audience d'une dizaine de photos et de trois films montrant des viols infligés par Dominique Pelicot sur son épouse, en compagnie d'un autre accusé, le président a tranché la question, vendredi 20 septembre, dès l'ouverture de cette nouvelle journée. "Je prends la décision que les diffusions ne seront pas systématiques", a déclaré Roger Arata, refusant d'accéder à une demande de l'avocat général.

"S'il doit être envisagé une diffusion d'une séquence vidéo ou photo, cela se fera à la demande de l'une ou l'autre des parties, dans le but unique de la manifestation de la vérité", a ajouté Roger Arata. Ces images seront projetées "dans la présence unique des seules parties au procès et de la cour", après évacuation du public et des journalistes présents dans la salle. 

"Sans ces éléments, il n'y aurait pas de procès" 

Dès l'ouverture de l'audience, l'avocat général s'était prononcé en faveur de la diffusion de ces images parfois insoutenables, "terribles, répétitives". "Sans ces éléments, que j'appellerais de preuve, il n'y aurait pas de procès", a souligné Jean-François Mayet, rejetant "toute idée de sensationnalisme, encore moins de voyeurisme". Alors que 51 hommes se trouvent sur le banc des accusés à l'occasion de ce procès hors norme, il a fait valoir une question "d'égalité des accusés". Une position également défendue par la partie civile.

"Il faut donner l'opportunité aux accusés d'expliquer comment, au moment de commettre ces actes, ils ne pensaient pas commettre un viol", a ainsi abondé Stéphane Babonneau, l'avocat de Gisèle Pelicot et de sa famille. De son côté, Antoine Camus, également avocat de Gisèle Pelicot, rappelle que sa cliente "a souhaité ouvrir les portes de cette salle d'audience parce qu'à titre personnel, elle n'attend rien de ce procès. Sa vie est détruite. Son ambition est de tenter de faire bouger les lignes".

Les avocats de la défense s'étaient quant à eux fermement opposés à cette décision. "La demande de monsieur l'avocat général, en réalité, n'est pas pour votre cour", a fustigé l'un d'eux, Paul-Roger Gontard. "Elle est pour toutes celles et ceux qui, en dehors, cherchent à s'abreuver du sang qui peut couler de cette justice", a-t-il insisté. Pour un autre avocat de la défense, Olivier Lantelme, montrer l'ensemble des vidéos serait "un déballage nauséabond, qui mettrait notre justice en difficulté (…). Ce qui doit être vu sera vu, au cas par cas", a-t-il proposé.

Une position privilégiée par le président. A l'issue de sa décision, l'audience a ainsi repris avec l'audition d'un autre accusé : Cyrille D., 54 ans. Ce dernier est poursuivi pour viol aggravé sur Gisèle Pélicot pour des faits remontant à septembre 2019.

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