Affaire Grégory : ce qu'il faut retenir de la conférence de presse du procureur après la mise en examen des époux Jacob
Les enquêteurs de l'affaire Grégory ont obtenu assez d'éléments pour incarcérer Marcel et Jacqueline Jacob, le grand-oncle et la grand-tante de la victime. Le procureur général de la République de Dijon a apporté des précisions.
Deux personnes placées en détention provisoire 32 ans après les faits. Le procureur général de la République de Dijon, Jean-Jacques Bosc, a donné des précisions sur les motifs de l'incarcération préventive du grand-oncle et de la grand-tante du petit Grégory Villemin, retrouvé mort dans la Vologne (Vosges) le 16 octobre 1984, lors d'une conférence de presse donnée vendredi 16 juin à Dijon. Le magistrat a confirmé un lien entre plusieurs lettres anonymes, dont une attribuée à Jacqueline Jacob, et l'enlèvement de l'enfant. Franceinfo revient sur les nouvelles informations données par le procureur.
Le couple Jacob n'a "pas d'alibi confirmé ou étayé"
Marcel et Jacqueline Jacob ont été placés en "incarcération provisoire", après leur mise en examen pour "enlèvement et séquestration suivie de mort". Il s'agit du grand-oncle et de la grand-tante de Grégory Villemin. Les deux septuagénaires, qui étaient placés en garde à vue depuis mercredi matin, ont rejeté les chefs d'accusation. Ils sont soupçonnés d'être les corbeaux et d'avoir participé à l'enlèvement du petit Grégory.
Les deux mis en examen ont nié, en l'état, toute participation aux faits reprochés.
Jean-Jacques Bosc, procureur général de la République de Dijonlors d'une conférence de presse
A propos des activités de Marcel et Jacqueline Jacob au moment de l'enlèvement du petit Grégory, le procureur a affirmé qu'il y a "un débat (sur ce qu'ils faisaient le jour de la disparition), ils ne présentent pas en l'état d'alibi qui soit confirmé ou étayé".
Marcel et Jacqueline Jacob ont été placés en détention dans deux établissements pénitentiaires de Bourgogne, et ce pour "empêcher toute concertation et pression de nature à nuire aux investigations", a indiqué le procureur. La chambre de l'instruction doit se réunir mardi matin pour décider du maintien ou non en prison des deux époux.
Jacqueline Jacob a gardé le silence
Elle n'a rien dit. Si elle a nié les faits qui lui sont reprochés, Jacqueline Jacob, née Thuriot, a utilisé son droit à garder le silence pendant sa garde à vue. Elle n'a donc pas répondu aux questions des enquêteurs, qui la soupçonnent d'avoir participé à l'enlèvement du petit garçon de quatre ans.
Les toutes dernières investigations menées par les gendarmes ont permis d'affirmer l'existence d'"un lien indissociable entre les trois lettres anonymes de 1983, le courrier posté le jour du crime, et l'enlèvement de l'enfant", selon Jean-Jacques Bosc vendredi. Des éléments suffisants pour mettre en examen Jacqueline Jacob selon les enquêteurs.
Jeudi, lors d'une première conférence de presse, le procureur avait affirmé que la grand-tante de Grégory était l'auteure d'une des trois lettres de menaces de mort anonyme, envoyée aux grands-parents de la victime en 1983.
Marcel Jacob "a dissimulé" son animosité envers les parents de Grégory
Marcel Jacob a été quant à lui plus disert, tout en gardant sa ligne de défense. "Il s'est expliqué devant la présidente mais a nié les faits", a rapporté Jean-Jacques Bosc devant la presse. Le procureur général a jugé ses déclarations "peu crédibles". Selon le magistrat, le grand-oncle du petit enfant tué a "dissimulé contre l'évidence ses antagonismes avec les parents de Grégory".
Un incident, cité par le procureur, a particulièrement retenu l'attention des enquêteurs. Il s'est déroulé en décembre 1982. Lors d'une dispute entre Marcel Jacob et la famille Villemin, le grand-oncle de Grégory aurait lancé des insultes au père du petit Grégory, Jean-Marie Villemin.
Je ne sers pas la main d'un chef.
Marcel Jacob à Jean-Marie Villeminen décembre 1982
"Ceux qui ont enlevé ont commis un crime"
"Il n'y aurait pas eu d'assassinat, s'il y n'avait pas eu d'enlèvement", a lancé comme une évidence Jean-Jacques Bosc. Laissant entendre que même si les auteurs de l'enlèvement n'ont pas directement tué le petit Grégory, ils ont quand même commis un crime en y participant. Il a également réaffirmé qu'il n'y avait pas un seul responsable de la mort de Grégory Villemin mais bien plusieurs, sans pour autant dire qui.
Nous ne savons pas, en l'état du dossier, très précisément de quelle façon est mort le petit Grégory.
Jean-Jacques Bosc
Par ailleurs, Monique Villemin, la grand-mère de Grégory, laissée libre en raison de son état de santé mais auditionnée mercredi, a reconnu sa propre écriture sur une lettre de menaces de mort reçue par le magistrat en charge de l'affaire en 1989.
Bernard Laroche aurait participé à l'enlèvement
Nous recherchons quelles sont les personnes impliquées dans l'enlèvement.
Jean-Jacques Bosc
Parmi les personnes mises en cause dans l'enlèvement, un défunt : Bernard Laroche, cousin du père de Grégory Villemin. Il avait été dénoncé par Murielle Bolle, sa belle-sœur, en 1985. Libéré par le juge Jean-Michel Lambert, contre l'avis du ministère public, il avait été tué par Jean-Marie Villemin.
"Bernard Laroche aurait participé à l'enlèvement de Grégory", a indiqué Jean-Jacques Bosc, précisant que toute action juridique est éteinte contre lui, depuis sa mort en 1985. L'enquête n'est pas terminée, a ainsi assuré le magistrat.
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