Affaire EADS : troisième ancien dirigeant mis en examen
Gustav Humbert, 58 ans, vit une première dont il se serait sans doute volontiers passé : il est le premier Allemand à être mis en examen dans la procédure française consacrée au délit d'initié présumé chez EADS. Entendu depuis lundi dans les locaux de la brigade financière à Paris, il se voit reprocher la vente de 160.000 actions EADS issues de ses stock-options en novembre 2005 et en a retiré environ 1,685 million d'euros.
Pour appuyer leur accusation, les policiers se fondent sur le rapport de l'Autorité des marchés financiers (AMF), le “gendarme” de la bourse française, qui s'est intéressé aux opérations financières suspectes de 17 dirigeants ou anciens dirigeants d'EADS et de sa principale filiale, Airbus, entre fin 2005 et début 2006. Elles sont soupçonnées d'avoir bénéficié d'informations privilégiées sur les perspectives financières d'Airbus, plus pessimistes en interne qu'elles ne l'étaient pour le public. Grâce à quoi, elles auraient engrangé près de 20 millions d'euros de plus-values.
S'il est donc le premier Allemand à entrer dans l'oeil du cyclône, Gustav Humbert est en fait le troisième ancien dirigeant d'EADS à être mis en examen. Le premier était aussi le principal mis en cause, Noël Forgeart, l'ancien numéro un de l'avionneur, rattrapé fin mai par les juges. Mi-juin, ce fut le tour de Jean-Paul Gut, ex-directeur général adjoint du groupe.
Jusqu'à présent EADS et Airbus n'ont pas eu à souffrir de la procédure. Seuls d'anciens dirigeants ont été inquiétés. Mais l'avionneur pourrait ressentir plus nettement le vent du boulet dans les prochaines semaines. Si les enquêteurs suivent la liste établie par l'AMF, ils pourraient entraîner une partie de l'état-major actuel du groupe. En première ligne, le président d'Airbus, l'Allemand Thomas Enders.
Et la nouvelle tomberait au plus mal pour EADS/Airbus, qui vole en pleine zone de turbulences. Entre le coup dur des avions ravitailleurs américains, les retards sur les programmes A 380 et A 350, les tiraillements entre Français et Allemands, les conséquences sociales du plan “Power 8” et l'euro fort qui pénalise les ventes, ce n'est pas vraiment le moment de perdre le pilote.
Grégoire Lecalot, avec agences
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