Affaire Valentin : le délire des suspects
L' interrogatoire de Stéphane M. et Noella H. conduit par les gendarmes durant la garde à vue des deux marginaux interpelés après 24 heures de traque a clairement mis en évidence chez l'homme et, dans une moindre mesure, chez la femme, une véritable agitation psychologique.
Pour ce que l'on sait de la teneur des réponses livrées aux enquêteurs, et des explications données par les membres de leurs familles à la presse, le couple paraît pour le moins "dérangé".
En effet, dès le placement en garde à vue le général David Galtier, sous-directeur de la policie judiciaire pour la gendarmerie nationale, confiait combien les enquêteurs avaient été "surpris de la teneur des propos tenus par le couple au moment de son arrestation", ajoutant qu'il appartiendrait "aux médecins de se prononcer sur sa responsabilité pénale".
Dans le même temps les familles des deux gardés à vue, interrogées par des journalistes, révélaient la passion mystique de Noëlla H. et le "délire de persécution" dont souffrirait depuis une vingtaine d'année Stéphane M.
_ Le gendarme qui avait effectué le contrôle d'identité préalable au meurtre de l'enfant à Lagnieu, qui a permis d'identifier le couple et de remonter sa piste jusqu'en Ardèche, parle lui aussi de personnes vraisemblablement "dérangées".
Après 48 heures de garde à vue les enquêteurs paraissent avoir acquis la certitude que l'enfant a été tué "par hasard", dans la ruelle de Lagnieu où fut découvert le corps sans vie de Valentin, lardé de 55 coups de couteau, au cou, au thorax, aux avant-bras et aux mains.
Si le couple reconnaît sa présence sur les lieux du crime, aucun des deux marginaux n'a pour autant reconnu le meurtre.
La correspondance exacte entre l'ADN mis en évidence dans les taches de sang prélévées sur les vêtements de l'enfant, et le génotype de Stéphane M. ne fait cependant aucun doute.
L'instruction ne commencera véritablement qu'au terme de la garde à vue, l'un des actes importants du magistrat qui aura en main cette affaire étant dès lors la commission d'experts psychiatres chargés de déceler les éventuelles pathologies mentales des suspects. Si l'un ou l'autre se révélait souffrir d'une altération ou d'une abolition complète de sondiscernement au moment des faits, il y aurait alors - depuis la loi du 25 février 2008 - audience publique et débat contradictoire devant la chambre de l'instruction, en présence des experts. Et au cas où la chambre ferait sienne l'interprétation des médecins, il n'y aurait pas de procès ultérieur : c'est l'institution judiciaire elle-même qui prononcerait les "mesures de sûreté" nécessaires.
Anne Brunel
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