Procès du Carlton : quel jugement pour les différents prévenus ?
Seul René Kojfer a été condamné, vendredi, pour proxénétisme aggravé. Dominique Strauss-Kahn et Dominique Alderweireld, alias "Dodo la Saumure", ont été relaxés.
Le tribunal correctionnel de Lille (Nord) a relaxé 13 des 14 prévenus, vendredi 12 juin, dans l'affaire du Carlton, concernant les faits de proxénétisme aggravé. Seul René Kojfer, ancien chargé des relations publiques de l'hôtel lillois, a été condamné à un an de prison avec sursis.
>> INFOGRAPHIE. Qui sont les personnes impliquées dans l'affaire du Carlton ?
Dans le volet financier de l'affaire, David Roquet et Fabrice Paszkowski ont été respectivement condamnés à six et quatre mois de prison avec sursis. Le premier pour avoir abusé de son employeur, le groupe de BTP Eiffage, le second pour escroquerie et abus de biens sociaux. Francetv info revient sur les différentes condamnations.
Dominique Strauss-Kahn : relaxé
L'ancien patron du Fonds monétaire international (FMI) a définitivement tiré un trait sur plusieurs années d'ennuis judiciaires liés à une sexualité qu'il reconnaît plus "rude" que la moyenne, le tribunal de Lille l'ayant relaxé dans l'affaire du Carlton. Poursuivi pour proxénétisme aggravé, DSK risquait, en théorie, jusqu'à dix ans de prison et 1,5 million d'euros d'amende. Mais le tribunal a suivi les réquisitions du parquet, qui avait réclamé sa relaxe "pure et simple".
Soupçonné d'avoir été le "pivot central" de rencontres avec des prostituées entre 2008 et 2011 à Lille, Paris, Bruxelles et Washington, Dominique Strauss-Kahn a toujours nié avoir été à l'origine des parties fines auxquelles il a participé, ajoutant n'avoir jamais soupçonné que les participantes de ces rencontres libertines étaient des prostituées. "Il a eu un comportement de client non répréhensible au regard de la loi pénale, conclut le jugement. On ne peut pas lui imputer un rôle d'instigateur." "Tout ça pour ça", a réagi l'ex-ministre de l'Economie.
"Dodo la saumure" et sa compagne : relaxés
Dominique Alderweireld, plus connu sous le nom "Dodo la Saumure", tenancier de maisons closes en Belgique, a lui-aussi été relaxé, tout comme sa compagne Béatrice Legrain. Soupçonné d'avoir envoyé depuis la Belgique des prostituées dans la région lilloise, ainsi qu'à Paris et aux Etats-Unis, Dominique Alderweireld était le seul protagoniste de cette affaire à l'encontre duquel le parquet avait requis une peine de prison ferme. Le juge Bernard Lemaire a finalement estimé que les infractions n'étaient pas caractérisées. Le tribunal a notamment estimé que les témoignages le concernant étaient trop vagues. A la sortie de l'audience, le très médiatique proxénète s'est dit "agréablement surpris" par la justice.
René Kojfer : condamné à un an de prison avec sursis
C'est le seul condamné pour proxénétisme aggravé. L'ancien chargé des relations publiques de l'hôtel du Carlton a écopé d'un an de prison avec sursis. Le parquet avait réclamé quinze mois de prison avec sursis et 2 500 euros d'amende. Les magistrats lillois le soupçonnaient d'avoir mis en relation des prostituées avec des entrepreneurs du Pas-de-Calais, qui eux-mêmes connaissaient Dominique Strauss-Kahn. En 2011, il avait été la première personne poursuivie dans l'affaire du Carlton.
Les organisateurs des parties fines : relaxés pour proxénétisme, condamnés dans le volet financier
Fabrice Paszkowski et David Roquet, qui organisaient les parties fines de DSK, ont été relaxés pour les faits de proxénétisme aggravé. En revanche, ces deux entrepreneurs du Nord, ont été condamnés respectivement à quatre et six mois de prison avec sursis dans le volet financier de l'affaire du Carlton. Outre les accusations de proxénétisme, le premier était poursuivi pour escroquerie et abus de biens sociaux, le second pour avoir abusé de son employeur, la société de BTP Eiffage.
David Roquet comparaissait pour proxénétisme aggravé, abus de biens sociaux et escroquerie. Il était soupçonné d'avoir réglé, au titre de frais professionnels, des dépenses liées à des soirées libertines avec des prostituées. A la suite de sa mise en examen dans l'affaire du Carlton, Eiffage avait porté plainte contre lui pour abus de biens sociaux et s'était constitué partie civile.
Les responsables de l'hôtel du Carlton : relaxés
Francis Henrion, ex-directeur du Carlton de Lille, était soupçonné, comme Hervé Franchois, propriétaire de l'hôtel, d'avoir aidé des clients à trouver des prostituées. Ce dernier bénéficiait d'un appartement de fonction où ont eu lieu les parties fines. Le propriétaire du Carlton avait été mis en examen puis écroué un peu plus d'un mois avant d'être libéré. Le parquet avait requis contre lui huit mois de prison avec sursis et 10 000 euros d'amende.
Les autres prévenus : relaxés pour la plupart
Jean-Christophe Lagarde, commissaire divisionnaire chef de la Sûreté départementale du Nord, muté depuis, était soupçonné d'avoir participé à la mise en relation de prostituées avec Dominique Strauss-Kahn. Il a été relaxé pour les chefs de proxénétisme aggravé mais aussi de recel d'escroquerie.
Virginie Dufour, ex-compagne de Fabrice Paszkowski, est condamnée à trois mois de prison avec sursis dans le volet financier. Jean-Luc Vergin, poursuivi pour complicité d'escroquerie au préjudice de Materiaux enrobés du Nord, l'entreprise de Fabrice Paszkowski, est par ailleurs relaxé. Il était jugé pour avoir signé les notes de frais de ce dernier ayant servi à payer les soirées avec DSK.
Antoine Tran Van Tranah et sa compagne Anne-Sophie Ville, qui n'avaient pas fait le déplacement, ont eux aussi été relaxés. Ils ont été mis en examen pour avoir demandé à René Kojfer le numéro d'une prostituée pour la payer à l'un de leur client.
Enfin, l'avocat Emmanuel Riglaire a également été relaxé. Une call-girl l'accusait de l'avoir fait replonger dans la prostitution. Mais le président du tribunal a souligné les "déclarations contradictoires" de celle-ci.
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