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Refus d'extradition de Julian Assange : "La justice britannique a pris en compte son état psychologique et physique", indique son avocat

Me Antoine Vey espère une remise en liberté du fondateur de Wikileaks, incarcéré à Londres, après que la justice britannique a décidé de ne pas l'extrader vers les États-Unis lundi.

Article rédigé par franceinfo
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Un drapeau représentant Julian Assange devant l'ambassade britannique de Mexico City, lundi 4 janvier 2021. Photo d'illustration. (PEDRO PARDO / AFP)

La justice britannique a pris en compte l'"état psychologique et physique", de Julian Assange en rejetant lundi 4 janvier la demande d'extradition du fondateur de Wikileaks vers les États-Unis, affirme son avocate française, Antoine Vey. "Ses conditions de détention l'ont rendu inapte à l'extradition", explique Me Vey. "On espère que, dans la ligne de cette décision, il va y avoir une remise en liberté qui serait tout à fait fondée et justifiée." 

franceinfo : Pensez-vous vraiment que la santé mentale de Julian Assange aurait été en danger dans une prison américaine ?

Antoine Vey : Au-delà de la santé mentale et du risque d'extradition, c'est à dire le danger dans la prison américaine, la justice britannique a pris en compte son état psychologique et physique dans la prison londonienne de Belmarsh. Ses conditions de détention l'ont rendu inapte à l'extradition. C'était un axe de défense depuis longtemps. La juge n'a en revanche pas retenu le fait qu'il subit une persécution politique.

Julian Assange est incarcéré au Royaume-Uni alors qu'il a révélé des crimes de guerre américain qui remontent à 2012, en Irak et en Afghanistan.

Antoine Vey

à franceinfo

Pendant plus de huit ans, il n'y a eu aucune accusation de la part des États-Unis, et en 2018, l'administration Trump s'est réveillée et a demandé son incarcération sur des bases politiques que je pense extrêmement féroces. Elle n'est justifiée par rien. Julian Assange n'est pas un criminel, pas un terroriste, pas quelqu'un dont la liberté mettrait en danger des vies. Le vrai enjeu arrivera mercredi. On espère que, dans la ligne de cette décision, il va y avoir une remise en liberté qui serait tout à fait fondée et justifiée. Assange pourra alors se soigner et se défendre, ce dont il a été privé depuis plusieurs années.

Diriez-vous que la décision qui a été prise par la justice britannique a été appuyée par le pouvoir politique britannique?

Oui, c'est très probable. Les enjeux qui sont derrière l'affaire Assange sont des enjeux purement politiques.

On sait aujourd'hui que c'est Donald Trump et son administration qui avaient réveillé l'accusation.

Antoine Vey, avocat de Julian Assange

à franceinfo

On pense qu'il est impossible d'imaginer que tout ce qui se déroule aujourd'hui sous nos yeux ne soit pas l'objet de formes de tractation ou de discours et à tous les niveaux et dans tous les États. Donc, on espère véritablement que cette décision va être un nouveau signal et que ce nouveau signal va permettre aussi à la nouvelle administration américaine de faire prévaloir un nouveau regard : le regard de protection sur la liberté d'information et donc le regard de la protection sur la personne d'Assange parce qu'il incarne cette d'information et ce droit d'être informé.

Est-ce que vous pensez que l'Amérique de Biden attend vraiment l'extradition de Julian Assange?

Cela fait plusieurs nuits que je me réveille pour savoir si Donald Trump le gracie ou non. Depuis plusieurs jours en tout cas, le nom de Julian Assange circule. Maintenant, par rapport aux enjeux du futur, cette accusation est totalement anachronique. Le monde entier est en train de se rendre compte de la torture qu'il a subit, de la fragilité de son état de santé, mais aussi de l'importance que ce dossier présente pour les démocraties et que les pratiques qui ont été mises au jour ne sont pas tolérables dans un pays qui se dit démocratique. Par rapport à Biden, on peut effectivement s'attendre à ce qu'il y ait un geste qui soit fait.

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