Procès Merah : "Il y avait un sentiment d'inachevé du côté des parties civiles"
Me Elie Korchia, avocat de Samuel Sandler, qui a perdu son fils et deux petits-fils, assassinés par Mohamed Merah, espère que le frère du tueur, Abdelkader, sera condamné pour complicité de terrorisme lors du procès en appel.
Le parquet général de Paris a fait appel du verdict de la cour d'assises spéciale qui a condamné Abdelkader Merah à 20 ans de réclusion criminelle pour "association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste" mais pas pour "complicité" dans les tueries commises par son frère, à Toulouse et Montauban, en 2012. Une décision qui a suscité un "sentiment d'inachevé, de frustration du côté des parties civiles", selon Me Elie Korchia, avocat de Samuel Sandler, qui a perdu son fils et deux petits-fils dans les attentats. L'avocat espère une condamnation pour "complicité" lors du second procès.
franceinfo : Comment la famille Sandler accueille-t-elle la perspective d'un second procès ?
Me Elie Korchia : Samuel Sandler a appris cette nouvelle très sereinement. L'avocate générale avait requis la perpétuité à l'encontre d'Abdelkader Merah et 20 ans à l'encontre de Fettah Malki. C'est une décision assez cohérente et assez logique pour cette avocate générale qui connaissait dans le détail ce dossier, de faire appel. Cette décision n'est donc pas quelque chose d'étonnant. Samuel Sandler a appris cette nouvelle avec beaucoup de calme. C'est un combattant de la mémoire. Il est là pour défendre, représenter devant la cour d'assises. Il m'a dit : "Je serai là de nouveau et si c'est une nouvelle épreuve, nous serons là dans ce nouveau combat et être là pour que ceux qui sont dans le box répondent de leurs actes et de tous leurs actes".
Abdelkader Merah a été condamné pour "association de malfaiteurs terroriste" et "acquitté" pour "complicité". De quelle manière le verdict a-t-il été perçu ?
Les familles ont compris que quelle que soit la condamnation, ça ne ramènera pas les personnes qui sont mortes, lâchement assassinées par ces terroristes. Il y avait un sentiment d'inachevé, de frustration du côté des parties civiles. Abdelkader Merah a tout de même été reconnu coupable d'un chef d'accusation très important, mais pour nous, il n'y avait pas la reconnaissance de la complicité, c'est un échec cuisant de ce côté-là.
Mais si la cour d'assises n'a pas reconnu lors de ce procès la "complicité" d'Abdelkader Merah, comment pourrait-elle être prouvée une seconde fois ?
Une cour d'assises spécialement composée, c'est cinq magistrats professionnels et il y a 117 tomes dans ce dossier. L'avocate générale a démontée parfaitement ce dossier pour montrer qu'il y avait des éléments de preuve différents. On avait une démonstration qui permettait, à mon sens, d'entrainer la condamnation d'Abdelkader Merah sur l'association de malfaiteurs mais aussi sur la complicité. Après, ce sont cinq magistrats qui tranchent la question. Il est évident qu'en appel, il y aura une nouvelle juridiction. Et nul ne peut dire si en appel, qu'il n'y aura pas, cette fois-ci, cette inculpation pour association et complicité. Pour nous, partie civile, Abdelkader Merah est coupable des deux chefs d'inculpation. Lors d'un parloir enregistré en présence de sa mère, il avait dit : "Ce qu'a fait Mohamed, c'est le plus beau cadeau qu'il pouvait me faire.
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