Cet article date de plus de treize ans.

Apéros géants : encadrer ou interdire ?

Un apéro géant à Nantes, près de 10.000 participants, quarante interpellations et un mort. La faute à qui ? À l'alcool ou à Facebook ? Au surlendemain du drame, le débat est très vif sur internet et ailleurs. _ En découlent alors ces interrogations : a-t-on le droit de se réunir comme ça, par milliers, à l'improviste, pour trinquer ? Faut-il encadrer ces raouts arrosés ? Ou tout bonnement les interdire... Le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux annonce "{une réunion de travail}" sur le sujet dès la semaine prochaine.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Radio France © France Info)

Face à ce genre de manifestations improvisées et arrosées, l'arsenal juridique existe déjà.
_ Inviter des personnes à se rassembler sur la voie publique sans autorisation ? Interdit. La loi de 1995 relative à la sécurité prévoit contre le ou les organisateurs six ans de prison et 7.500 euros d'amende.
_ S'enivrer dans la rue ? Interdit aussi. L'ivresse publique relève du Code de la santé et vous rend passible d'une contravention.

Pourtant, les apéros géants se multiplient. Après Nantes, sont prévus un "apéro" à Aubenas ce soir, à Paris le 23 mai, à Toulouse ou Compiègne en juin... C'est à qui convoquera le plus grand nombre, dans sa ville. Qui ? C'est bien là la question qui taraude les autorités. Les invitations sont lancées sur Facebook, sur une page qui peut très bien rester anonyme. Et s'inscrit qui veut, tout aussi anonyme. Difficile alors de savoir à qui rappeler la loi, et qui poursuivre, le cas échéant...
_ La préfecture de police de Paris a ouvert son propre compte Facebook, pour aller rappeler à l'ordre les intéressés sur leur propre terrain. À Aubenas, les forces de l'ordre se préparent. Une compagnie de CRS a été réquisitionnée. Des policiers et motards ont été appelés en renfort.

"Casser la spirale des apéros géants"

Mais Jean-Marc Ayrault, le maire de Nantes, va plus loin. Il y a affaire nationale, selon lui qui demande au ministère de l'Intérieur d'organiser "une concertation" pour "casser la spirale" des apéros géants.
_ Appel entendu, puisque Brice Hortefeux annonce ce matin qu'il présidera la semaine prochaine une "réunion de travail sur les apéros géants". Réunion avec "les représentants des ministères, les préfets et les maires concernés

Pas question dans ce communiqué d'interdiction. D'ailleurs, le député-maire socialiste de Nantes doute le premier de l'intérêt d'interdire. Et de citer l'exemple de Montpellier, où 10.000 personnes s'étaient rassemblées, malgré un arrêté d'interdiction. La préfecture de Nantes d'ailleurs avait elle aussi interdit le rassemblement de mercredi soir... en vain.

La secrétaire d'État au numérique Nathalie Kosciusko-Morizet elle non plus ne souhaite pas interdire. Plutôt s'inspirer de la politique adoptée vis-à-vis des rave parties dans les années 90 : "Au début, les organisateurs

Reste ce procès en irresponsabilité intenté à Facebook et autres réseaux sociaux. "Facebook a un homme sur la conscience", écrit le blog AccessoWeb. Amalgame surréaliste, s'insurgent en retour de nombreux internautes. Si l'invitation avait été lancée par téléphone, aurait-on accusé les opérateurs, se demande-t-on sur Twitter, en constatant en moins de 140 signes : "Un mort à Nantes suite à l'apéro Facebook. Pendant ce temps, l'alcool tue 45.000 personnes chaque année".

Cécile Quéguiner avec agences

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.