Aulnay-sous-Bois : "Il m'a enfoncé sa matraque dans les fesses volontairement", raconte le jeune homme interpellé
Les quatre policiers mis en examen après cette violente arrestation ont été placés sous contrôle judiciaire et ont été suspendus de leurs fonctions.
Son témoignage fait froid dans le dos. Théo, le jeune homme de 22 ans gravement blessé lors de son arrestation par des policiers à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), a raconté à l'un de ses avocats les circonstances de sa violente interpellation qui a provoqué l'indignation dans la cité des 3 000 où il réside. Un document sonore que BFMTV a diffusé, lundi 6 février.
Toujours hospitalisé, le jeune homme y affirme notamment avoir été victime d'insultes racistes de la part des quatre agents de police, et assure que le coup de matraque qui l'a sérieusement blessé au niveau de l'anus était volontaire. Franceinfo revient sur les principaux points de ce témoignage.
Les circonstances : "Je suis parti devant les caméras"
Théo explique être intervenu jeudi lors d'un contrôle d'identité de plusieurs de ses connaissances car il était choqué par les méthodes des policiers, qu'il juge violentes. Lorsque ceux-ci se sont tournés vers lui, le jeune homme s'est déplacé pour se mettre dans le champ de vision des caméras de surveillance installées dans la cité des 3 000.
Je savais que là où on était il n'y avait pas de caméras, j'ai réussi à me débattre, je suis parti devant les caméras. J'ai pas cherché à fuir (...). Ils sont trois à me saisir (...) ils me disent que des injures
Théodans un document diffusé par BFMTV
Les coups : "Il prend sa matraque et me l'a enfoncée dans les fesses, volontairement"
Le jeune homme, inconnu des services de police, selon son avocat, raconte ensuite comment l'un des policiers l'a sérieusement blessé. "J'étais de trois quarts, donc je voyais ce qu'il faisait derrière moi. Il prend sa matraque et il me l'a enfoncée dans les fesses, volontairement. Dès qu'il m'a fait ça je suis tombé sur le ventre, j'avais plus de force", explique-t-il.
Théo raconte ensuite qu'une fois menotté, les fonctionnaires de police lui ont demandé de s'asseoir. Face à son refus, il aurait été violemment frappé. "Je leur ai dit 'j'arrive pas à m'asseoir, je sens plus mes fesses', et ils m'ont mis des gaz lacrymogènes dans la tête, dans la bouche, un coup de matraque en pleine tête", détaille-t-il, expliquant qu'il avait "tellement mal aux fesses que cette douleur-là semblait éphémère".
Le transport : "Je croyais que j'allais mourir"
La victime explique qu'un habitant de la cité est ensuite intervenu alors que les policiers tentaient de le déplacer en dehors du champ des caméras de surveillance. Il a par la suite été transporté jusqu'au véhicule de patrouille.
J'avais du mal à marcher, je n'étais même pas moi-même. Je croyais que j'allais mourir, je marchais mais parce qu'ils me tenaient bien
Théodans un document diffusé par BFMTV
Lors du trajet, Théo explique avoir été victime d'insultes, notamment "espèce de salope" et "bamboula". Il aurait également reçu de nouveaux coups, et subi des moqueries lorsque les policiers se seraient aperçus de ses saignements aux fesses.
L'hospitalisation : "Je suis très diminué"
Une fois au commissariat, le Samu est rapidement appelé pour prendre en charge le jeune homme. Un médecin a diagnostiqué "une plaie longitudinale du canal anal" et une "section du muscle sphinctérien" et lui a prescrit 60 jours d'incapacité totale de travail (ITT) lors de son hospitalisation.
Depuis son lit d'hôpital, Théo explique ne plus dormir, et être traumatisé par cette expérience. "Le coup de bâton dans les fesses qu'ils m'ont mis, ça m'a marqué à vie, c'est une chose que je ne souhaite à personne, physiquement je suis très diminué, j'arrive pas à bouger", conclut-il.
La défense des policiers : un acte "totalement malencontreux"
Les quatre policiers mis en examen après cette violente arrestation ont été placés sous contrôle judiciaire et se sont vus suspendre de leurs fonctions. Contacté par franceinfo, l'avocat du policier mis en examen pour viol donne la version de son client. "C'est malheureusement totalement malencontreux. C'était une mêlée qui a opposé le jeune aux fonctionnaires. Mon client a essayé de le faire chuter au sol avec des coups de matraque sur les jambes et les cuisses", raconte Me Frédéric Gabet. Il conteste la version de la victime selon laquelle les policiers ont baissé son short.
Le jeune homme bougeait dans tous les sens. Un coup est allé en direction de ses fesses, c'est celui-là qui le pénètre. (...) Le short a été transpercé par la matraque.
Frédéric Gabet, avocat du policier accusé de violà franceinfo
Pour l'avocat du prévenu, "ce n'est en aucun cas un geste volontaire". L'un de ses collègues assure ne pas avoir vu ce geste. "Il n'a pas vu parce qu'il était occupé à sécuriser et à ceinturer l'individu, explique son avocat, Me Pascal Rouiller. C'est l'effet tunnel, il était concentré sur ce qu'il faisait, occupé à éviter les poings qui partent dans tous les sens".
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