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Rancœurs et défiance à Aulnay, cinq jours après l'arrestation violente de Théo

Près d'une semaine après la violente interpellation de Théo, 22 ans, qui a conduit à la mise en examen de quatre policiers, dont un pour viol, la tension reste forte à Aulnay-sous-Bois. Les jeunes de la ville expriment rancœurs et défiance. Et réclament justice.

Article rédigé par Delphine Evenou
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Voitures incendiées à la cité de l'Europe dans la nuit du 5 au 6 février, à Aulnay-sous-Bois. (MaxPPP)

Voitures brûlées, poubelles incendiées, affrontements sporadiques : si les premières heures du mercredi 8 février n'ont pas été le théâtre de flambées de violences, la nuit a été indéniablement un peu agitée à Aulnay-sous-Bois et dans d'autres communes de Seine-Saint-Denis comme Tremblay, Villepinte ou encore Sevran. Cinq jours après la violente interpellation de Théo, 22 ans, qui a conduit à la mise en examen de quatre policiers, dont un pour viol, la tension reste forte dans la ville.

Le jeu du chat et la souris avec les "cowboys"

Cette nuit-là, les forces de l'ordre sont bien visibles dans la "Cité des 3 000" et au rond-point qui mène à Aulnay : de temps en temps, un bruit de mortier et quelques petits groupes qui courent dans le noir. "C'est le jeu du chat et la souris, raconte Mohammed, trentenaire, qui passe la nuit dehors pour dissuader les jeunes de tout casser. Moi, sincèrement, je m'en fous. Tant qu'ils ne crament rien dans la cité, je m'en fous. Après, qu'ils jouent avec eux... Ils [les policiers NDLR] n'avaient qu'à pas faire les "cow-boys". Ce qu'ils ont fait au petit Théo, ils devraient recevoir ça puissance dix. Alors qu'ils les rendent un peu dingues, ben bien fait pour leur gu(...)le."

Vexations, insultes et deux mondes différents

Cette défiance ressort de toutes les conversations : des insultes, des vexations fréquentes. "Personne ne se comprend, explique Amara, médiateur. Cela fait longtemps qu'il n'y a plus de dialogue. C'est un dialogue de sourds : eux de leur côté, la population de l'autre. Les interpellations partent en bagarre, puis en rassemblement, puis rebelote. On a l'impression qu'il existe deux mondes différents."

Les petits-frères pourraient ne plus vouloir attendre

Le Premier ministre a demandé la plus grande fermeté en cas de manquements graves des policiers et François Hollande s'est rendu au chevet de Théo à l'hôpital d'Aulnay. Las : "Le président est venu voir Théo, je suis content, déclare Abdel, 22 ans, l'âge de Théo, qu'il connaît. Mais ce qu'il aurait dû faire, en tant que président, comme il en a le pouvoir même s'il ne lui reste que deux mois, c'est de raccourcir cette enquête et de faire condamner vite les policiers sur ce qu'ils ont fait." La justice : voilà ce que demandent les Aulnaysiens. Ils y croient et, préviennent les grands-frères, les plus jeunes n'auront peut-être pas la patience d'attendre.

Les jeunes d'Aulnay expriment rancœur et défiance - Reportage Delphine Evenou

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