Infirmière tuée à Reims : "Notre crainte c'était qu'il recommence", témoigne une ancienne victime du meurtrier
"Je ne m'en remettrai jamais", témoigne Corinne Langlois, cheffe de service en Esat à Besançon, blessée de coups de couteau en juin 2017 par le même homme soupçonné d'avoir tué une infirmière lundi 22 mai au CHU de Reims.
Elle témoignait mardi 30 mai sur France Bleu Besançon. Franck F., un Rémois de 59 ans, souffre de troubles psychiatriques. Il a été mis en examen pour "assassinat" et "tentative d'assassinat", soupçonné d'avoir tué une infirmière, Carène Mezino, 37 ans, et blessé une secrétaire pour "se venger" du "personnel hospitalier". Son avocat parle d'un homme malade, pour qui la question de l'irresponsabilité pénale se pose.
Attaquée au couteau cinq ans auparavant
Cinq ans plus tôt, il a attaqué au couteau Corinne Langlois, à l'époque cheffe de service de l'Etablissement et service d'aide par le travail (ESAT) dans la Marne. Elle a été blessée comme trois autres collègues. Elle vit aujourd'hui en Haute-Saône et a du mal à se remettre de cette attaque.
"C'est très difficile pour nous de vivre depuis, on survit. J'avais déjà du mal à m'en remettre avant mais là avec la mort de Carène Mezino, je ne m'en remettrai jamais."
Corinne Langloisà France Bleu Besançon
Corinne Langlois dénonce le "manque de moyens en psychiatrie". Elle s'interroge aussi sur le diagnostic d'irresponsabilité pénale du meurtrier. "Son psychiatre estimait qu'il était stabilisé, il ne l'était pas puisqu'il est passé à l'acte, c'est incompréhensible, relate-t-elle. Si je n'avais pas fait la demande d'une nouvelle expertise, l'affaire aurait été classée sans suite. Une première fois il a été reconnu irresponsable de ses actes, à la contre-expertise, en partie irresponsable et à la nouvelle expertise à nouveau irresponsable, les psychiatres ne font même pas le même diagnostic. Il faut vraiment revoir l'accompagnement de ces personnes".
Après le drame de Reims, Corinne Langlois ressent "une très grande colère et de l'incompréhension. Notre crainte c'était qu'il recommence. Après les faits, il a été pendant plus d'un an en UMD, en unité pour malades difficiles. Il était contre le soin, en colère contre la psychiatrie, [selon lui] la psychiatrie avait détruit sa vie, il était en rupture de soins. Et personne à aucun niveau ne s'en était rendu compte. Ce qui est arrivé n'a servi à rien".
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