"Amalgames", hausse des expulsions... Un rapport d'Amnesty alerte sur la situation des Tchétchènes de France depuis l'attentat d'Arras

Selon l'ONG, le risque d'expulsion a considérablement augmenté depuis l'assassinat d'octobre dernier, commis par un Tchétchène. Amnesty demande également d'arrêter de renvoyer les personnes originaires de cette région en Russie, où elles "risquent leur vie".
Article rédigé par Nathanaël Charbonnier - édité par France Info
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Un militant de l'ONG Amnesty International lors d'une manifestation à Paris. (XOSE BOUZAS / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP)

Les Tchétchènes en France et en Europe sont au cœur du dernier rapport d'Amnesty International, publié jeudi 18 janvier. L'ONG attire l'attention sur le sort qui attend les personnes originaires du Caucase du Nord et de Tchétchénie. Elle estime qu'il faut cesser de les renvoyer vers la Russie, où elles risquent de subir tortures, violations des droits humains ou l’obligation de participer à la guerre en Ukraine. Amnesty explique ainsi que le risque d'expulsion depuis la France a considérablement augmenté après l'attentat d'Arras, lorsqu'un Tchétchène a poignardé un enseignant en octobre dernier.

L'ONG estime que le drame d'Arras a eu des retombées sur l'ensemble de la communauté tchétchène en France et évoque l'expulsion à venir de plus d'une dizaine de personnes vers la Russie depuis l'assassinat de l'enseignant.

"Un contexte de stigmatisation" en Europe

Une politique de reconduite à la frontière assumée par les autorités françaises, qui privilégieraient leur opinion publique plutôt que le droit international selon Jean-Claude Samouiller, le président d'Amnesty France. "Il y a une sorte d'amalgame que certains responsables politiques font, comme considérer que tous les Tchétchènes ou les Ingouches sont en puissance des extrémistes et des radicaux. Nous, on voudrait casser ce récit, explique-t-il. De toute façon on ne peut pas refouler une personne dans un pays où elle risque la torture, les mauvais traitements ou la mort. C'est un principe général du droit international donc il faut qu'on s'y tienne."

"On ne peut pas violer ce droit fondamental qui est de ne pas renvoyer une personne là où elle risque sa vie."

Jean-Claude Samouiller, président d'Amnesty France

à franceinfo

Et Amnesty de rappeler le sort de Daoud Mouradov, renvoyé en Russie fin 2020 et mort en février 2022 dans des circonstances suspectes. Enfin, la France n'est pas le seul pays pointé du doigt par l'organisation : Croatie, Allemagne, Pologne et Roumanie sont également citées dans le rapport d'Amnesty.

"La menace des États de renvoyer des personnes en Russie s’inscrit dans un contexte de discrimination et de stigmatisation en Europe des personnes originaires du Caucase du Nord, qui sont pour la plupart musulmanes", peut-on encore y lire. L'ONG estime que ce risque s'est aussi "renforcé depuis le bombardement de Gaza par Israël et les attaques de plus en plus violentes, les arrestations et les homicides en Cisjordanie" en riposte à l'attaque du Hamas du 7 octobre.

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