"Charlie Hebdo" : "Il faut que la société reste en alerte pour ne rien céder à ces forces fanatiques", lance François Hollande, dix ans après l'attaque

"La laïcité n’a pas failli. Elle est là, ce sont nos lois", rappelle François Hollande qui insiste sur l'importance de "faire société".
Article rédigé par franceinfo - avec "ici Limousin"
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
L'ancien président de la République François Hollande, le 28 septembre 2024. (IDRISS BIGOU-GILLES / AFP)

"Ces images-là ne m’ont jamais quitté", raconte sur "ici Limousin", anciennement France Bleu Limousin, François Hollande, président de la République lors de l’attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo, il y a dix ans. "J’ai l’image de ce lieu où était la rédaction de Charlie Hebdo, qui était un lieu banal, sauf que les terroristes y ont pénétré et ont tué tant de dessinateurs, caricaturistes, journalistes, un policier et un gardien d’immeuble. J’ai tout ce souvenir à l’esprit".

François Hollande se souvient également des survivants, rencontrés dans les heures qui ont suivi : "Ils m’ont confié une seule chose : que les terroristes ne gagnent pas. Leur peur était terrible ; leur souvenir, tout frais, était monstrueux.

"Ils ne voulaient pas que la liberté d’expression, ce pour quoi leurs collègues étaient morts, puisse être entamée de quelques façons. Dix ans après, je l’ai encore dans la tête."

François Hollande

à "ici Limousin"

"Lorsqu’il y a un acte terroriste de cette ampleur contre un journal, des policiers, des juifs à l’Hypercacher, il y a forcément une sidération et un sursaut", analyse l’ancien président de la République. "C’est ce qu’il s’est passé le 11 janvier 2015. Nous devons en être fiers, qu’un peuple, notre peuple, ne se laisse pas aller ni à la vengeance, ni à l’indifférence, ni au silence, ni à la peur. Il y a eu ces manifestations avec 4 millions de personnes et des chefs d’État du monde entier qui sont venus."

"Et ensuite, cela se dilue : la vie reprend, et la peur aussi s’installe, parce qu’il y a eu d’autres actes terroristes qui ont suivi. On pense au 13-Novembre ou aux deux professeurs qui ont été assassinés. À ce moment-là, nous avons l’idée que nous devons vivre avec peut-être quelques concessions : pourquoi autant de liberté d’expression ?"

"Pourquoi tout dire, notamment sur les religions et l’islam en particulier ? Pourquoi se moquer, publier des livres ou des images ? Il y a une forme d’acceptation de la situation, et je crois que ce n’est pas bon signe."

François Hollande

à "ici Limousin"

"Il faut que la société reste en alerte pour que rien ne puisse être cédé à cette pression, à ces menaces et à ces forces fanatiques", insiste l'ancien président.

Rappeler les règles et principes de la laïcité

"La laïcité n’a pas failli. Elle est là, ce sont nos lois", mais elle est peut-être fragilisée, craint François Hollande. "Quand des enseignants sont sous pression, que la mort de deux d’entre eux est dans tous les esprits, quand il y a des parents qui ne veulent pas que telle ou telle partie du programme soit enseignée, des enfants qui ne comprennent pas les règles de la laïcité ou trouvent que c’est une discrimination à l’égard des musulmans, alors la laïcité bat en retraite. Il est donc très important d’en rappeler les principes et les règles."

Beaucoup de jeunes n’ont peut-être pas connu la période des attentats, en 2015. "La laïcité, ce n’est pas comme la liberté ou l’égalité ; ce n’est pas forcément ce que l’on ressent comme une valeur essentielle quand on est jeune. Il faut donc leur faire comprendre ce qu’est la vie en commun. Aujourd’hui, le risque, c’est que nous vivions les uns à côté des autres sans partager forcément les mêmes réflexions, le même rapport aux autres. C’est pour cela qu’il est très important de faire société."

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