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"J'ai filmé le Raid aussi calmement que possible"

Les impressions de Mathias Barrois, journaliste, arrivé sur les lieux de la prise d'otages de la porte de Vincennes en même temps que le Raid, vendredi. 

Article rédigé par Hervé Brusini
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Capture d'écran des images filmées le 9  janvier 2015 à la porte de Vincennes, à Paris, à l'arrivée des forces de l'ordre sur la prise d'otages par Amedy Coulibaly. (MATHIAS BARROIS - FRANCE 2.)

Il est aux alentours de 17 heures, vendredi. Les hommes du Raid, le groupe d’intervention de la police nationale, prennent position porte de Vincennes, à Paris, où Amedy Coulibaly a pris en otage les clients et les employés de l'Hyper Cacher. En direct, sur France 2 on voit, on accompagne presque, ces hommes en noir au moment où ils prennent position. L’effet est saisissant. Comment cette séquence a-t-elle été réalisée ? A-t-elle mis des vies en péril ? Pour francetv info, voici les réponses de l’auteur de ce reportage, le journaliste reporter d’images Mathias Barrois.

Francetv info : Comment êtes-vous arrivé sur place aussi rapidement ?

Mathias Barrois : Tout est allé très vite. On nous avait dit : "Il se passe quelque chose porte de Vincennes." Nous nous sommes rendus sur place avec Omar-Noël Bouyacoub, qui est motard et avec lequel je suis resté en binôme pendant toute la durée de mon tournage. Sur le périphérique, nous avons aperçu le convoi du Raid, et nous sommes arrivés ensemble. Ils ont sorti tout leur matériel, et presque "naturellement", je les ai accompagnés. Aussi calmement que possible, j’ai essayé de filmer le groupe d’intervention.

Images porte de Vincennes (MATHIAS BARROIS - FRANCE 2)

Les téléspectateurs découvrent alors les hommes en noir qui se déploient. On voit un talus, une petite voie piétonne et le rez-de-chaussée d’une barre d’immeuble. Quel type de matériel aviez-vous ? 

J’avais ce qu'on appelle un TVU Pack qui permet d’envoyer des images en direct à la régie de France Télévisions. Entre ma prise de vue et la diffusion à l’antenne, il y a à peu près un décalage d’une dizaine de secondes. En fait, il s’agit d’une caméra vidéo professionnelle normale de type Béta, reliée par un câble coaxial à un sac à dos. Le poids de ce dernier fait une dizaine de kilos. C’est l’installation électronique 4 G qui va permettre la diffusion en direct.

A aucun moment ils ne vous disent : "Partez de là" ?

Non. Au début, tout le monde est dans l’action. Les policiers étaient évidemment d’abord préoccupés par leur intervention. Ils m'avaient évidemment vu. Et pour ne les gêner à aucun moment, je me tenais en arrière. Je suis resté derrière une sorte de petit muret en béton pour me cacher au cas où. Dans de telles circonstances, on est dans ce qui se passe, pris par ce qui se passe. On est prudent car tout peut arriver.

Saviez-vous que vos images passaient en direct ?

Absolument, j’avais la régie au téléphone. La direction me disait : "Tu es en direct, mais surtout, ne prends pas de risque. S’ils te disent de dégager, tu dégages." Donc, pour ma part, j’essayais de faire au mieux, sachant qu’Omar me suivait avec le petit boîtier qui nous permettait d’assurer le direct.

Est-ce que cette technique change beaucoup votre comportement sur le terrain ?

C’est la première fois que j’utilisais ce matériel. En fait, cela revient à faire ce que je fais d’habitude. Mais je me positionne un peu différemment, même chose pour le cadrage de mes images. Autrement dit, j’évite de zoomer à tort et à travers, d'aller brutalement de droite à gauche… Là, tout passe en direct, donc il faut que cela soit le plus fluide possible. En plus, le mode de diffusion ne supporte pas les gestes brutaux du reporter, car à ce moment-là, l’image est saccadée et devient difficile à regarder.

C'est un matériel extraordinaire car il permet, quand on n’est plus à l’antenne, d’envoyer ses rushs, ou des interviews à la rédaction qui peut monter mes séquences sans précipitation excessive.

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