Bayonne : un prévenu neutralisé avec des gaz lacrymogènes
Une affaire "gravissime", des procédés "inhumains et déshumanisants" : Marie Hélène Ville, qui présidait l’audience de jeudi au TGI de Bayonne, ne cache pas son indignation. Le jeune homme qui devait comparaître ce jour-là a en effet été aspergé avec du gaz lacrymogène par des policiers, sur ordre du président du TGI.
Le prévenu se trouvait alors dans sa geôle, au sous-sol du tribunal, dans un état d’extrême agitation, visiblement dû au manque. "Quand quelqu'un pose un problème médical, on demande l'assistance d'un médecin, on n'utilise pas une mesure de répression", estime Marie-Hélène Ville.
Le président du TGI Alain Tessier Flohic estime pour sa part avoir choisi cette solution pour qu’il puisse comparaître, expliquant qu’il fallait "soit le ramener à la raison", "soit lui faire administrer une piqûre de tranquillisants par un médecin, mais en ce cas il n'aurait plus été en mesure de se défendre." "On ne pouvait pas imaginer qu'il était en état de manque ", affirme Alain Tessier Flohic, qui dit "avoir été obligé d’employer la force strictement nécessaire " face à un prévenu qui se jetait contre les portes.
Or, si une assistance médicale est prévue lors des gardes à vue, ce n’est pas le cas quand les prévenus sont dans des geôles en vue d’une comparution immédiate. "Il s’agit d’un vide juridique ", déplore l’avocate du jeune homme Me Myriam Unal, qui dénonce elle-aussi une mesure "utilisée sans retenue." Me Myriam Unal considère que les policiers "avaient les moyens d’agir autrement", face à un toxicomane en phase de sevrage "qui n’avait peut-être pas pris des doses suffisantes."
Après le gazage, le jeune homme, torse nu, hurlait de douleur en s’épongeant les yeux. L’audience a alors été suspendue, et la magistrate président l’audience a contacté le service médical d’urgence. L’homme sera rejugé mardi à 14 heures.
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