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Ce que l'on sait de la mort d'un livreur à scooter après son interpellation à Paris

Le parquet de Paris a ouvert, mardi 7 janvier, une information judiciaire pour "homicide involontaire". L'autopsie de Cédric Chouviat, mort le 5 janvier, révèle notamment une asphyxie et une fracture du larynx.

Article rédigé par franceinfo
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L'angle de l'avenue de Suffren et du quai Branly, à Paris, où Cédric Chouviat a été interpellé par des policiers, le 3 janvier 2020. (GOOGLE STREET VIEW)

Le parquet de Paris a ouvert une information judiciaire du chef d'homicide involontaire, mardi 7 janvier, au sujet du décès de Cédric Chouviat. Ce quadragénaire, livreur à scooter, est mort dans la nuit de samedi à dimanche à l'hôpital, où il avait été admis vendredi après avoir été interpellé par la police, à Paris, dans des conditions contestées. Franceinfo fait le point sur cette affaire.

Une interpellation mouvementée

Père de cinq enfants âgés de 3 à 20 ans, Cédric Chouviat, livreur, était originaire de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). Isabelle Balkany, première adjointe de la ville, lui a d'ailleurs rendu hommage sur Twitter. 


Il conduisait son scooter lorsqu'il a été interpellé vendredi 3 janvier, entre 9h40 et 10h10, à l'angle de l'avenue de Suffren et du quai Branly, à la limite des 7e et 15e arrondissements. Il était "sans antécédent judiciaire", a précisé à franceinfo l'avocat de sa famille, Arié Alimi. 

Selon la police, le conducteur du scooter était en train de téléphoner (alors qu'il circulait) quand les policiers l'ont arrêté. Il était "irrespectueux et agressif", selon les forces de l'ordre. "Les insultes pleuvent, semble-t-il, puis, à deux reprises, le quadragénaire cherche à filmer la scène, avant qu'un policier le repousse", précise Le Parisien, citant des sources judiciaires. Les policiers décident de l'interpeller pour outrage. Mais l'homme vacille, victime d'un malaise cardiaque. Il est pris en charge par les forces de l'ordre, puis par les secours, qui le conduisent à l'hôpital Georges-Pompidou. Il meurt à 3h30 dimanche matin. 

Un appel à témoignages lancé par son avocat

Arié Alimi a précisé à BFMTV que Cédric Chouviat "souffrait d'hypertension artérielle mais n'avait jamais eu le moindre malaise cardiaque". Pour comprendre les circonstances exactes de son malaise, l'avocat avait donc lancé un appel à témoignages sur Twitter lundi matin. 

Selon Mediapart (article payant), les vidéos récupérées montrent une version des faits différente de celle de la police. "Lors du contrôle, et avant d'être mis au sol, Cédric n'agresse pas les agents mais les filme. Encore casqué, il est plaqué au sol sur le ventre par trois policiers qui persistent à se maintenir sur lui alors qu'il montre des signes d'épuisement", explique le site d'information.

L'autopsie révèle une asphyxie

Dans son communiqué, le procureur de Paris Rémy Heitz indique que les premiers éléments communiqués à l'issue de l'autopsie de Cédric Chouviat, pratiquée lundi, font état d'une "manifestation asphyxique avec une fracture du larynx" ainsi que d'un "état antérieur cardiovasculaire".

Le parquet affirme aussi que des "investigations médico-légales complémentaires" vont être menées pour préciser les premiers résultats de l'autopsie. Ceux-ci "soulèvent des questions légitimes", a réagi dans la foulée le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner.

L'Inspection générale de la police nationale (IGPN) avait déjà été saisie et une information judiciaire a été ouverte. Elle aura pour objet de préciser les causes de la mort de Cédric Chouviat et de déterminer "les circonstances exactes de l'intervention" de la police. 

La famille dénonce "une bavure policière"

Plus tôt, mardi, le père et la veuve de Cédric Chouviat, accompagnés de leurs avocats, avaient tenu une conférence de presse et avaient dénoncé une "bavure policière""On a assassiné mon fils, c'est un meurtre, avait déclaré Christian Chouviat. Je n'ai plus confiance en la police."

"L'autopsie confirme ce que la famille et leurs avocats disent depuis samedi, c'est-à-dire une asphyxie", a réagi de son côté Arié Alimi, avocat de la famille, auprès de l'AFP. "On découvre en plus une fracture qui est probablement due à une strangulation. (...) C'est une mort atroce et extrêmement violente."

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