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Ce que l'on sait de la profanation de centaines de tombes juives à Sarre-Union

Autour de 300 tombes auraient été dégradées, selon les premiers éléments de l'enquête, dimanche, dans cette commune qui a été déjà touchée par des faits similaires par le passé.

Article rédigé par franceinfo
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Une tombe detruite au cimetière juif de Sarre-Union (Bas-Rhin), le 15 février 2015. (FREDERICK FLORIN / AFP)

Des centaines de tombes ont été profanées au cimetière juif de Sarre-Union (Bas-Rhin), a annoncé, dimanche 15 février, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve dans un communiqué. La gendarmerie avait été prévenue vers 17 heures. 

"Tout sera mis en œuvre dans les meilleurs délais pour que les auteurs de cet acte odieux et barbare soient identifiés et punis", a déclaré dans la foulée le président de la République François Hollande. Francetv info revient sur les principaux éléments de cette affaire.

Quelle est l'ampleur de cette profanation ?

"Autour de 300 tombes auraient été profanées", selon les premiers éléments de l'enquête.  Les Dernières Nouvelles d'Alsace précisent qu'une colonne et un monument dédiés aux victimes de la Shoah auraient notamment été saccagés.

Aucune inscription n'a été constatée, mais le caractère antisémite de la profanation laisse peu de doute. "Il ne reste qu'un champ de ruines, raconte au Parisien un témoin dont la famille est enterrée à Sarre-UnionToutes les tombes ont été jetées bas ou pulvérisées. La grille d'entrée a été fracturée et jetée à terre. Le monument en l'honneur des déportés et des victimes de la Shoah a été littéralement pulvérisé. C'était un monument en grès avec plusieurs plaques de marbre... Il n'en reste que le socle..."

Marc Séné, le maire de Sarre-Union, a fait part de la "consternation" dans cette commune rurale de quelque 3 000 personnes. "C'est honteux de s'attaquer à des tombes", confie un habitant au micro de France 3.

Quels sont les précédents ?

C'est la troisième fois en moins de trente ans que le cimetière juif de Sarre-Union est profané. En 1988, une soixantaine de stèles avaient été renversées, et en 2001, 54 tombes avaient été saccagées dans ce même cimetière.

Depuis 2001, il y a eu plusieurs précédents en France, notamment en Alsace et Lorraine. Le 29 octobre 2010, une cinquantaine de tombes sont profanées au cimetière juif de Bar-le-Duc (Meuse). Le 8 mai 2005, 64 stèles du cimetière de Sarreguemines (Moselle) sont renversées par deux jeunes de 14 et 12 ans. Le 28 juillet 2004, des croix gammées, de croix celtiques, des étoiles de David et le chiffre "666" (inscription satanique) sont découverts sur une trentaine de tombes du cimetière juif de Saverne (Bas-Rhin). Le 30 avril 2004, 127 tombes du cimetière juif de Herrlisheim-Hattstatt sont recouvertes d'inscriptions nazies et antisémites, près de Colmar (Haut-Rhin). 

Où en est l'enquête ?

L'exécutif a assuré que tout serait mis en œuvre pour retrouver et sanctionner les coupables. Le Premier ministre l'a fait savoir par tweet, dimanche 15 février :

Manuel Valls a aussi indiqué, lundi sur RTL, qu'il n'y avait "pas de piste à ce stade" , qualifiant cette profanation d'"acte antisémite", qui nécessite "la répression la plus forte qui soit".

D'après le premier adjoint au maire de Sarre-Union, Richard Brumm, joint par francetv info, c'est un habitant de la commune qui a alerté les gendarmes, dimanche après-midi, après avoir remarqué que le portail de la nécropole avait été dégradé. Dimanche soir, des techniciens de la police scientifique venus de Strasbourg (Bas-Rhin) avec des projecteurs et lampes de poche pour recueillir les premiers indices.

Quel est le contexte ?

Cette profanation s'inscrit dans un contexte d'antisémitisme accru. Le 9 janvier, à Paris, Amedy Coulibaly, l'auteur de l'attaque contre le magasin casher près de la porte de Vincennes, tuait quatre otages juifs, Yohan Cohen, 23 ans, Yoav Hattab, 22 ans, François Michel Saada, 64 ans, et Philippe Braham, 45 ans .

En 2014, le nombre d'actes antisémites a doublé en France par rapport à l'année précédente, avec une hausse des violences plus marquée encore que celle des injures. Selon le Service de protection de la communauté juive (SPCJ), organisme communautaire travaillant en lien avec le ministère de l'Intérieur, 851 actes antisémites (actions et menaces) ont été recensés l'an dernier, contre 423 en 2013, soit une hausse de 101%, atteignant un plus haut depuis 2004 (974 actes).

La recrudescence d'actes et violences antisémites se constate ailleurs en Europe. A Copenhague (Danemark) samedi, l'homme qui a attaqué le centre culturel de la ville, faisant un mort, a également tué Dan Uzan, un homme de 37 ans qui assurait la sécurité de la synagogue. L'an dernier, le Français Mehdi Nemmouche était incarcéré après avoir été identifié comme étant l'auteur présumé de la tuerie du musée juif de Bruxelles, où quatre personnes ont trouvé la mort le 24 mai 2014.

 

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