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Clearstream : Denis Robert jette l'éponge

Après une énième condamnation, le journaliste Denis Robert, auteur de plusieurs ouvrages sur la chambre de compensation financière luxembourgeoise qu'il a souvent qualifiée de {"poumon à la finance parallèle"}, renonce à son enquête.
Article rédigé par franceinfo
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"Cette décision est douloureuse mais réfléchie", annonce Denis Robert sur son blog. "Je jette l'éponge." Après sa lourde condamnation pour diffamation par le tribunal de grande instance de Bordeaux, "suite à des propos vieux de deux ans et plutôt modérés sur le fonctionnement de cette multinationale qui officie dans plus de cent pays, dont quarante paradis fiscaux", le journaliste abandonne son enquête.

Procès et pressions auront eu raison de huit ans de travail. "C’est une victoire de Clearstream, de ses avocats, de ses juristes, de ses dirigeants, des banquiers de son conseil d’administration. Une victoire de la censure", explique Denis Robert dans une vidéo publiée sur son blog. Le journaliste promet : il n'évoquera plus jamais la chambre de compensation luxembourgeoise.

"C'est plutôt une surprise pour nous" a déclaré le porte-parole de Clearstream, Bruno Rossignol, étonné que Denis Robert renonce à ce combat personnel, à cette obsession qui le nourissait depuis près de 10 ans. Pour le porte-parole de la société luxembourgeoise, "ça n'a pas l'air d'être la seule décision de Bordeaux qui l'a découragé, mais plutôt une accumulation de mauvaises nouvelles, comme également le réquisitoire du parquet de Paris", de renvoyer le journaliste en correctionnelle pour recel d’abus de confiance et recel de vol de documents bancaires.

Denis Robert souhaite surtout mettre fin à ce qu'il qualifie de "cercle vicieux" : "Plus Clearstream m’attaque plus je me défends, plus je me défends plus je prends des risques", reconnaît-il. Désormais, il se consacrera à l'écriture de romans, laissant de côté son investigation sulfureuse. Pendant ce temps, l'affaire suit son cours, par la voie classique de la justice. Et si Denis Robert a décidé de ne plus s'exprimer dans la presse, il sera certainement appelé à parler dans le prétoire.

Les juges chargés du dossier ont accepté hier de rouvrir l'enquête judiciaire, clôturée le 22 février, pour mieux cerner le rôle de Dominique de Villepin dans cette affaire. Ils ont notamment demandé officiellement au parquet de Paris la communication des notes rédigées en 2001 par les services du procureur après la publication de l'ouvrage Révélation$ de... Denis Robert.

Anne Jocteur Monrozier

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