Info franceinfo Narcotrafic à Marseille : face à un marché saturé, les trafiquants de cannabis cherchent à se diversifier

Des produits stupéfiants à base de cannabis dits "haut de gamme" ont fait leur apparition dans un environnement de plus en plus concurrentiel, selon une note des renseignements territoriaux.
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Une saisie de cannabis par la BAC de Marseille, le 5 février 2024. (VALERIE VREL / MAXPPP)

Avec presque une centaine de points de revente répertoriés par les policiers, le marché du cannabis à Marseille, ville considérée comme une véritable "plaque tournante" de ce type de trafic, arrive à saturation. Et face à ce constat, les trafiquants cherchent à se diversifier et à étendre leur secteur d'influence en proposant des produits stupéfiants à base de cannabis dits "haut de gamme" aux effets psychotropes beaucoup plus puissants, selon une récente note des renseignements territoriaux (RT), rédigée en lien avec l'Office anti-stupéfiants (Ofast) qu'a pu consulter franceinfo mardi 26 novembre.

Cette note identifie plusieurs produits dérivés du cannabis commercialisés depuis ces derniers mois en France. Comme ce produit repéré en juin dernier en provenance d'Espagne "vendu sur le profil Telegram d'un réseau marseillais" qui a "la particularité de procurer des effets très intenses puisqu'il ne contient pas de solvants chimiques".

"Environnement ultra-concurrentiel"

Il s'agit d'un produit, selon l'Ofast, qui peut être consommé notamment avec "des vapoteurs ou avec une pipe". Ces "produits innovants", expliquent les renseignements territoriaux, ont des "effets plus puissants" et "gagnent en popularité". Ils "circulent à Marseille depuis plus d'un an, malgré un coût d'achat dix fois plus élevé pour le consommateur par rapport au haschich dit 'mousseux' (1 500 euros les 50 grammes au lieu de 150 euros)".

Si les trafiquants cherchent autant à se diversifier et à innover, c'est que le trafic à Marseille est "largement perturbé par les nombreuses opérations menées par les forces de sécurité", expliquent les RT. "Cet environnement ultra-concurrentiel génère des tensions entre trafiquants qui se traduisent par des violences, des règlements de comptes et autres actes d'intimidation." En effet, début novembre, 17 narchomicides ont été officiellement recensés par le parquet à Marseille, dont une victime collatérale. Un chiffre toutefois en baisse, avec en 2023 un record de 49 morts.

Les réseaux sociaux de plus en plus utilisés

Des trafiquants qui, mis sous pression par les opérations de police, ont tendance à utiliser de plus en plus les réseaux sociaux pour vendre leurs produits. "Les nombreuses opérations 'place nette' et occupations du terrain menées par les forces de l'ordre pendant plusieurs mois ont profondément fragilisé les points de deal traditionnels, sans pour autant annihiler totalement ce phénomène", peut-on lire dans cette note. Ainsi, "les trafiquants ont progressivement transféré une partie de leur activité sur les réseaux sociaux, notamment par le biais de la messagerie cryptée Telegram, développant ainsi un véritable narco-marketing numérique".

Mais de plus en plus, les trafiquants utilisent d'autres messageries cryptées, révèle la note, surtout depuis que Telegram "se montre plus coopérante avec la justice à la suite de l'arrestation, fin août en France, de Pavel Durov", le fondateur et dirigeant du réseau social. "Les narco-trafiquants se tournent progressivement vers d'autres applications, telles que 'Potato Chat' ou 'SimpleX'". Cette dernière application est prisée des criminels car elle "propose notamment un cryptage de bout en bout sans nécessité de s'authentifier préalablement par une adresse mail ou un numéro de téléphone".

En conclusion, les renseignements territoriaux notent que "dans ce contexte, à l'instar de la tendance observée en Espagne et aux États-Unis, l'offre parallèle en cannabis illégal devrait poursuivre sa diversification. La ville de Marseille apparaît comme précurseure dans ce domaine".

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