Reportage "Il ne va rien changer" : après la visite surprise d'Emmanuel Macron, les habitants de La Castellane restent sceptiques face aux promesses

Le chef de l'État s'est rendu dans cette cité marseillaise, mardi, pour saluer une vaste opération policière baptisée "Place nette XXL" mise en place depuis la veille, et qui doit être poursuivie "pendant plusieurs semaines".
Article rédigé par Mathilde Vinceneux
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Dans la cité marseillaise de La Castellane, les tarifs des stupéfiants sont directement tagués sur les murs, le 19 mars 2024. (MATHILDE VINCENEUX / FRANCEINFO)

Dans la cité de La Castellane, les chaises des guetteurs sont vides. Des policiers cagoulés sont sur les toits et des CRS quadrillent chaque rue de ce labyrinthe de tours. Ils sont là depuis lundi, et sont restés tard dans la nuit, raconte un habitant : "Lundi soir, il y avait même un hélicoptère ici, on n'a même pas dormi." Emmanuel Macron a fait un aller-retour à Marseille pour annoncer le début d’une vaste opération antidrogue. Une opération qu’il promet sans précédent et qu’il a voulu annoncer lors d’un bain de foule, cité de La Castellane. Une cité des quartiers nord de Marseille, connue pour être un haut lieu du trafic de stupéfiants.

Mais cette énième opération policière ne changera rien, assure un habitant. Il scrute le président Emmanuel Macron qui déambule, entouré par les caméras. "C'est du cinéma ! Qu'est-ce qu'il va changer ? Il ne va rien changer du jour au lendemain. On n'y croit plus, ça y est, c'est fini", martèle l'habitant

"On est abandonné de la société ! Il n'y a pas que la drogue. On est en galère pour tout. On a des difficultés même pour la bouffe ou pour les loyers, c'est abusé."

Un habitant de La Castellane

à franceinfo

"Il faudrait qu'on ait la police tous les jours"

À La Castellane, les problèmes sont nombreux, racontent les habitants : le chômage, le manque d’infrastructures, de transports… Alors finalement, le trafic de drogue, beaucoup disent s’y être habitué. Ils refusent d’en parler au micro mais ils racontent les points de deal qui se sont étendus aux quatre coins de la cité, les gamins armés ou les cris des guetteurs.

La cité marseillaise de La Castellane, le 19 mars 2024. (MATHILDE VINCENEUX / FRANCEINFO)

"On cohabite", explique une habitante. Elle aimerait que les trafics disparaissent, mais ne croit plus aux promesses des politiques et aux opérations coup de poing qui se sont succédées dans la cité. "On en a souvent, des descentes. Pas besoin d'avoir tout ce 'tralala' parce qu'à chaque fois, c'est la même chanson. On nous fait du remue-ménage et après, on ne voit plus personne. Il faudrait qu'on ait la police tous les jours."

"J'en veux aussi aux gens qui viennent acheter. Parce qu'on blâme les gens qui trafiquent, mais si les gens ne venaient pas acheter… En plus, ce ne sont en général que des gens aisés avec de belles voitures. On voit que ce n'est pas la même population."

Une habitante de La Castellane

à franceinfo

Des consommateurs, qui forment habituellement de longues files d’attente dans la cité de La Castellane devant des points deals qui sont aujourd’hui à l’arrêt.

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