Pourquoi la reconstitution du meurtre d'Alexia Daval a permis de lever les dernières zones d'ombre sur l'affaire
Dans ses aveux, Jonathann Daval a notamment reconnu avoir lui-même "procédé à la crémation du corps" de son épouse.
"Nous voulions la vérité, nous l'avons eue." Ces mots d'Isabelle Fouillot, la mère d'Alexia Daval, viennent ponctuer plus d'un an et demi d'enquête autour du meurtre de sa fille. Après une reconstitution de sept heures, lundi 17 juin, à Gray-la-Ville (Haute-Saône), Jonathann Daval a finalement livré des aveux complets sur la manière dont il a tué sa femme, en octobre 2017.
Comme en décembre, quand il avait finalement avoué le meurtre après avoir passé plusieurs mois à accuser le beau-frère de son épouse, c'est sous l'insistance de la famille de la jeune femme qu'il a livré des informations décisives. "Face à la demande pressante de ses beaux-parents, qui l'ont imploré de dire toute la vérité, il a finalement admis qu'il avait non seulement donné la mort, mais également procédé à la crémation partielle du corps" a déclaré le procureur de la République de Besançon (Doubs), Etienne Manteaux, devant la presse.
Franceinfo revient sur les trois informations essentielles livrées par Jonathann Daval lors de cette reconstitution.
Il a précisé les raisons du conflit avec son épouse
Ce que Jonathann Daval affirmait jusqu'ici. Lors de ses premiers aveux, Jonathann Daval était resté évasif sur ce qu'il s'était passé au domicile, évoquant simplement une "violente dispute" alors qu'ils revenaient d'un dîner chez les parents d'Alexia.
Ce qu'il a expliqué lors de la reconstitution. C'est dans la maison où vivaient Jonathann et Alexia Daval que se sont retrouvés la juge d'instruction, les enquêteurs, le médecin légiste, les avocats, mais aussi sa belle-famille, lundi, à 5 heures du matin. Jonathann Daval est revenu sur l'origine du conflit qui a débuté dans la nuit 26 au 27 octobre 2017. "Après être rentré de chez ses parents, Alexia a voulu un rapport sexuel, nous dit Jonathann", a indiqué Etienne Manteaux. Jonathann aurait refusé, ce qui, selon lui, a déclenché la colère de son épouse. "Il y a ensuite eu conflit, qui est allé crescendo", a indiqué Etienne Manteaux, précisant qu'Alexia Daval "prenait à cette époque un traitement de stimulation de la fertilité dans son désir d'être mère".
Il a reconnu des coups très violents
Ce que Jonathann Daval affirmait jusqu'ici. Lors de ses premiers aveux, il a déclaré avoir "étranglé" sa femme en tentant de la maîtriser. Une version qui ne collait pas avec l'autopsie. Celle-ci atteste que la victime a "subi de graves violences", selon l'un des avocats de la famille de la victime, Jean-Marc Florand.
Lors d'un nouvel interrogatoire en janvier 2019, il avait "livré un récit plus étayé et plus cohérent par rapport aux constatations médico-légales", confie alors au Parisien l'avocat de Jonathann Daval, Randall Schwerdorffer. Il reconnaissait des gifles lors d’une dispute, alors qu'il assurait, au départ, vouloir "maintenir" sa femme en proie à une "crise d'hystérie".
Ce qu'il a expliqué lors de la reconstitution. Après une empoignade, "il aurait frappé le visage de sa femme contre un mur en béton dans la descente d'escalier et aurait ensuite, parce qu'elle criait, (...) asséné entre cinq et dix coups de poing au niveau du visage", a détaillé le procureur. Puis l'informaticien de 35 ans a expliqué l'avoir étranglée "pendant environ 4 minutes de façon continue".
Un récit et des faits "parfaitement cohérents avec l'ensemble des lésions constatées au niveau du thorax et de la face intérieure du corps et au niveau du visage", selon les médecins légistes, également présents lors de la reconstitution, a ajouté le procureur.
Il a admis avoir "brûlé partiellement" le corps de son épouse
Ce que Jonathann Daval affirmait jusqu'ici. Le récit de Jonathann Daval sur la chronologie du reste de la nuit à son domicile restait flou. Il maintenait avoir passé la nuit chez lui après avoir pris des cachets pour se suicider. Il expliquait avoir ensuite chargé le corps au petit matin dans le coffre de sa voiture, avant de conduire et de le déposer dans "le premier bois qui venait, à l'improviste" d'après le récit du Point.
Par ailleurs, Jonathann Daval niait avoir brûlé le corps de son épouse. Mais plusieurs éléments matériels étaient pourtant venus accréditer cette possibilité : une bombe aérosol avait notamment été retrouvée au domicile du couple. Un expert avait affirmé que cette bombe aurait pu être utilisée pour mettre le feu au corps.
Enfin, il s'agissait de savoir s'il avait pu être aidé par un complice. "Pour moi, il n'y a aucun doute sur le fait qu'il y ait eu une complicité dans cette histoire", avait déclaré son avocat, Randall Schwerdorffer, en juillet 2018 à France Bleu Besançon.
Ce qu'il a expliqué lors de la reconstitution. C'est l'aboutissement principal de cette longue reconstitution : Jonathann a reconnu avoir procédé lui-même "à la crémation partielle du corps". La reconstitution a également montré que Jonathann Daval avait pu tirer et transporter le corps d'Alexia Daval seul, jusque dans la forêt, rapporte L'Est Républicain.
Son avocat, Randall Schwerdorffer, a également affirmé que la reconstitution avait permis d'exclure "totalement toute complicité". "Son positionnement écarte tout soupçon qui pourrait peser sur un membre de sa famille", a-t-il ajouté.
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