"Trente ans enfermé, c'est ce qu'il mérite" : plaide l'avocat de Nordahl Lelandais, avant la suspension de l'audience
Le verdict est attendu vendredi, après trois semaines d'un procès intense devant la cour d'assises de l'Isère, à Grenoble.
Ce qu'il faut savoir
Après les réquisitions du procureur, au tour de la défense. "Trente ans, essayez de vous projeter dans trente ans. Imaginez-vous dans trente ans. Trente ans de prison. Trente ans enfermé. C'est ce qu'il mérite. Et il le sait", a plaidé Alain Jakubowicz, l'avocat de Nordahl Lelandais, jeudi 17 février, avant la suspension de l'audience. L'ancien maître-chien est jugé depuis le 31 janvier par la cour d'assises de l'Isère pour le meurtre de Maëlys de Araujo, précédé d'enlèvement et séquestration, ainsi que pour des agressions sexuelles contre deux cousines de 4 et 6 ans, au cours de l'été 2017. Ce direct est maintenant terminé.
Perpétuité requise pour la mort de Maëlys. Après 13 jours d'audience, l'avocat général Jacques Dallest a livré son réquisitoire : il requiert la réclusion criminelle à perpétuité contre l'accusé de 38 ans, avec une période de sûreté de 22 ans.
"Evidemment que le mobile est sexuel !" Dans son réquisitoire, l'avocat général est revenu sur les motivations de Nordahl Lelandais lorsqu'il a enlevé la fillette. "Evidemment le mobile est sexuel", a-t-il lancé, ajoutant avoir "la conviction qu'un geste sexuel a été imposé à Maëlys, attouchements ou pénétration".
"Un menteur permanent". "Qu'est-ce qu'on sait de Nordahl Lelandais ? Que c'est un menteur permanent et qu'il ne reconnaît que ce qu'on lui met sous les yeux", a tancé Jacques Dallest dans son réquisitoire. "Il n'a parlé qu'à chaque fois qu'un élément de preuve lui a été présenté. Il a seulement permis que l'on retrouve les restes de Maëlys", a-t-il ajouté.
Un portrait sombre. "Un criminel dangereux", "un prédateur sexuel", "un médiocre", "un pédophile"... Dans leurs plaidoiries, les avocats des parties civiles ont choisi des qualificatifs forts pour dépeindre l'accusé, reprenant parfois les termes des experts psychiatres qui ont défilé à la barre lundi et mardi. "On va se quitter sur le mystère de Nordahl Lelandais. Je l'ai ressenti très absent de son procès, pourtant c'était son procès. Il avait une opportunité formidable de s'exprimer, il l'a ratée", a lancé Yves Crespin, avocat de deux associations de protection de l'enfance, qui a ouvert les plaidoiries mercredi.
Un hommage à la famille de Maëlys. Fabien Rajon, qui représente la mère et la sœur de la fillette, a parlé deux heures durant, saluant le courage et la dignité de Colleen, l'aînée de Maëlys. En fin de plaidoirie, il a longuement décrit la longue nuit de la disparition en août 2017 et les "cauchemars" qui hantent Jennifer de Araujo depuis lors. L'avocat a réaffirmé que si Nordahl Lelandais n'est pas poursuivi pour le viol de Maëlys dans le cadre de ce procès faute de "preuve incontestable", le "mobile sexuel est pour [lui] une évidence".
Des aveux mais pas de mobile. Poussé dans ses retranchements au fil des trois semaines de débats, Nordahl Lelandais a admis avoir des penchants pédocriminels vis-à-vis de ses cousines. Dans un revirement inattendu, il a aussi reconnu, le 11 février, avoir tué "volontairement" Maëlys. Mais il n'a pas expliqué sa pulsion meurtrière, ni les raisons de l'enlèvement, se contentant de répéter qu'il n'avait jamais eu de mobile sexuel à son égard.