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"Cela fait cinq mois qu'elle est dans un hôtel" : après le drame de la rue d'Aubagne à Marseille, un collectif de psychologues vient en aide aux déplacés

Face à cette situation difficile et précaire, un collectif de psychologues a décidé de venir bénévolement en aide aux personnes qui sont toujours dans l'attente d'être relogées.

Article rédigé par Olivier Martocq
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Panneaux d'information aux sinistrés rue d'Aubagne à Marseille, à proximité du 65 rue d'Aubagne où des immeubles se sont effondrés, le 8 janvier 2019. (ALEXANDRE BARLOT / RADIO FRANCE)

Chaque lundi après-midi, le bar Le Molotov, dans le 6e arrondissement de Marseille, devient le point de ralliement des déplacés depuis l'effondrement de trois immeubles du centre-ville, le 5 novembre dernier. Le bar est situé à une centaine de mètres de la rue d'Aubagne où huit riverains sont morts. Depuis le drame, des centaines de personnes sont toujours dans l'attente et l'inconnue. Un collectif de psychologues a décidé de rejoindre le Collectif du 5 novembre pour leur venir en aide.

Il y a des moments, j'ai vraiment le spleen.

Dominique
un déplacé

à franceinfo

Depuis le drame de la rue d'Aubagne, la mairie a fait fermer par précaution 436 immeubles considérés comme insalubres ou à risques, mettant à la rue du jour au lendemain 2 528 personnes. Six mois plus tard, près de la moitié n’a toujours pas retrouvé de logements définitifs et 650 personnes sont toujours logées "temporairement" dans des hôtels par la mairie. Dominique a même été "dégagé manu militari d'un appart'hôtel, parce qu'il y avait un congrès. Cela a vraiment été un enfer".

Comme Dominique, Fatène vient chercher conseils et réconfort au Molotov. Elle y trouve aussi un soutien et une aide psychologique, car "c'est très compliqué d'être dans une chambre avec deux adultes et trois enfants. Cela fait six mois". Parfois, elle entend "qu'ils vont faire sortir les délogés. C'est fini, il n'y a pas de place ou il y a les touristes. Où je vais être relogée, c'est inquiétant".

Détresse psychologique

"Il peut y avoir des gens effondrés tout de suite, des gens effondrés après", explique Isabelle Bordet, qui fait partie du collectif de psychologues. Elle évoque une situation où la personne vit "un vrai effondrement psychique. Cela fait cinq mois qu'elle est dans un hôtel". Elle constate une véritable détresse psychologique chez certains "délogés", accentuée par le temps qui passe sans solution pérenne en vue.

Pour la psychologue, cette situation "devrait être une situation de crise, mais ce n'est plus une situation de crise. C'est un état de fait qui perdure et qui fait que chez les gens, il y a un réel effondrement psychique. On n'a absolument pas mis les moyens, que ce soit la mairie ou l'État, pour répondre à cette crise qui dure et qui continue." Avec l’arrivée des touristes, la situation se tend et la mairie n’a toujours pas trouvé de solution de remplacement.

Reportage d'Olivier Martocq

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