Effondrement d'immeubles à Marseille : les familles délogées sont dans des états "d'abandon et de dénuement catastrophiques"
Les familles délogées suite à l'effondrement de deux immeubles marseillais sont toujours dans "des états d'incompréhension, d'abandon et de dénuement", a déclaré jeudi sur franceinfo Marie Batoux, membre du "Collectif du 5 novembre".
Un mois et demi après le drame de la rue d'Aubagne, le dernier conseil municipal de l'année s'est déroulé sous pression à Marseille. 1 500 personnes issues de différents collectifs et syndicats se sont rassemblées jeudi 20 décembre devant la mairie. Marie Batoux, membre du "Collectif du 5 novembre", constitué suite aux effondrements de deux immeubles, a déploré sur franceinfo que les familles délogées soient toujours dans "des états d'incompréhension, d'abandon et de dénuement catastrophiques". Malgré les annonces du maire Jean-Claude Gaudin, "c'est irrémédiablement trop tard pour permettre de renouer une confiance", dit-elle avant d'ajouter : "On attend des preuves et on restera très vigilants".
franceinfo : Quel message vouliez-vous faire passer ? S'agissait-il de faire pression sur le maire ?
Marie Batoux : On fait pression depuis maintenant un mois et demi pour montrer que les Marseillais sont vigilants à ce qu'il se passe, et que ce qu'il s'est passé le 5 novembre ne peut plus arriver dans une ville et n'aurait jamais dû arriver. On continuera à être extrêmement vigilants à ce qu'il se fait, y compris à accompagner et aider les familles délogées qui aujourd'hui sont dans des états d'incompréhension, d'abandon et de dénuement catastrophiques.
Regrettez-vous que certaines mesures n'aient pas été adoptées, comme la réquisition de logements vides ?
La réquisition de logements vides est effectivement ce que nous portons depuis un mois et demi. Aujourd'hui, les familles dans les hôtels subissent des pressions extrêmement fortes pour accepter les logements qu'on leur propose et qui ne correspondent pas à leurs besoins. Après la situation traumatique dans laquelle elles sont, on ne peut pas leur faire subir des pressions pour leur dire que leur logement, demain, est mis en question par rapport à des enjeux politiques.
Le conseil municipal s'est ouvert par une minute de silence en hommage aux victimes. Jean-Claude Gaudin a annoncé son intention de demander à l'État la reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle. Est-ce que ça va dans le bon sens ?
C'est très tardif. Ça fait un mois et demi que nous avons fait la minute de silence. Nous avons fait un deuil citoyen le 5 décembre, un mois après les effondrements. Personne n'est capable de comprendre comment le maire de Marseille a pu rester silencieux aussi longtemps. Il a reçu les premières associations mardi et les familles des victimes ont reçu un courrier de condoléances mercredi, mais il ne les a même pas reçues. Tout ça est très tardif, et je pense que c'est irrémédiablement trop tard pour permettre de renouer une confiance.
Pour vous, la solution ne passera plus par la mairie ?
On attend des preuves et on restera très vigilants. Le maire de Marseille est d'accord pour mettre en place une charte de relogement. Nous allons y travailler très précisément. Derrière, il y a ce que nous avons demandé, c'est-à-dire la question du droit au retour dans le centre-ville. Aujourd'hui, on fait des propositions aux gens relogés loin de leurs lieux de vie, de l'école de leurs enfants, de leurs emplois. On leur demande de se séparer. On leur propose des loyers plus chers. À travers les propositions qu'on fait, il faut se donner le temps de traiter tout ça.
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