Evasion de Redoine Faïd : "Il y a un problème structurel dans les moyens alloués à l'administration pénitentiaire"
Aurélie Pascal, conseillère nationale au Syndicat national des directeurs pénitentiaires, a réagi lundi sur fanceinfo après la remise du rapport sur les conditions de l'évasion de Rédoine Faïd de la prison de Réau.
La ministre de la justice, Nicole Belloubet, a présenté lundi 30 juillet les conclusions du rapport qu'elle avait commandé après l'évasion de Rédoine Faïd de la prison du centre pénitentiaire de Réau, en Seine-et-Marne, le 1er juillet dernier. Pour Aurélie Pascal, conseillère nationale au Syndicat national des directeurs pénitentiaires, "il y a un problème structurel dans les moyens alloués à l'administration pénitentiaire", a-t-elle notamment estimé sur franceinfo.
franceinfo : Espériez-vous la désignation de responsables après l'évasion de Redoine Faïd ?
Aurélie Pascal : On n'a toujours pas les détails du rapport mais on l'a vu, réagir dans l'urgence n'est pas la solution et autant l'évasion de Redoine Faïd a été spectaculaire, autant il s'agit maintenant de prendre la mesure de cette évasion et de réfléchir à la manière dont on peut redéployer nos moyens et nos compétences. Le problème n'est pas tellement de savoir qui a tort ou qui a fauté, nous n'avons pas la légitimité pour critiquer les personnes. Par contre, il y a un problème structurel dans les moyens alloués à l'administration pénitentiaire. Il faut donc travailler sur une classification des établissements pénitentiaires et faire sauter ce verrou inopérant de la séparation prévenu-condamné pour les profils les plus à risques de manière à ce qu'ils soient dans des établissements dédiés avec une sécurité suffisante qui permette de ne pas prendre ce genre de risques. Ce qui permet aujourd'hui d'affecter un détenu, c'est la question du maintien des liens familiaux - c'est un critère très important dans l'affectation - je pense qu'il faut travailler dessus. Dans des cas précis, comme Redoine Faïd, le seul critère de liens familiaux ne peut pas justifier une affectation en établissement pénitentiaire.
Depuis cette évasion, est-ce qu'il y avait une attente particulière vis-à-vis des conclusions de ce rapport chez les directeurs de prison ?
L'attente particulière que nous avons au niveau du syndicat c'est aussi - au-delà de cette classification des établissements pénitentiaires qui nous semble primordiale - le redéploiement des compétences au sein de l'administration pénitentiaire. On manque de directeur de terrain au niveau de l'administration centrale, c'est trop bureaucratique, il faut des gens qui ont des compétences de commandement dans les maisons centrales, dans les établissements pénitentiaires, qui peuvent être sensibles à ce qui se passe sur le terrain et donc avoir une meilleure réactivité du fait de leur expérience. On regrette cette habitude de mettre à des postes-clés de l'administration centrale, des gens qui ne sont pas issus du terrain avec une certaine expérience.
La création de cet état-major de la sécurité qui serait composé d'une quinzaine d'agents affectés à ces détenus particulièrement surveillés, est-ce que ça vous semble être une bonne mesure ?
Il faudra aller dans le détail mais c'est trop tôt pour faire des critiques, positives ou négatives. Ce qu'on constate, c'est que depuis 2011 - avec les réformes de Nicolas Sarkozy - on n'a plus eu d'audits de sécurité, ce qui était très courant avant. Il faudrait que cet état-major de la sécurité ré-enclenche le système des audits de sécurité dans les établissements parce que c'est notre coeur de métier et on n'est pas à l'abri de quelque chose qui ne fonctionne pas et qui pourrait mettre en danger nos personnels. Donc je pense que oui, un état-major de sécurité, qui va travailler sur ces détenus dangereux, sur ces établissements ciblés mais aussi, dont le travail va être de lancer de manière récurrente et constante, des audits de sécurité.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.