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Hausse des agressions sur les pharmaciens : "Pour améliorer la situation, il faut un accès aux soins plus facile et une meilleure prise en charge des patients", analyse une union de syndicats

Les agressions dans les pharmacies sont en hausse de 17% par rapport à 2019 et à 70% ces "agressions sont liées à des ruptures de médicaments", explique Pierre-Olivier Variot, président de l'Union des syndicats de pharmaciens d’officine.
Article rédigé par franceinfo
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Les enseignes lumineuses - croix vertes - d'une officine de pharmacie, à Paris. 2021. (ERIC CHAVEROU / FRANCE-CULTURE)

"Pour améliorer la situation, il faut un accès aux soins plus facile et une meilleure prise en charge des patients", analyse dimanche 4 juin sur franceinfo Pierre-Olivier Variot, pharmacien à Plombières-lès-Dijon (Côte-d'Or) et président de l'Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Il réagissait à l'étude de l'Ordre des pharmaciens que franceinfo a pu consulter et qui dit que les agressions dans les pharmacies sont en hausse de 17 % par rapport à 2019 (soit 366 agressions verbales, physiques ou vols en 2022). Face à cela, seuls 35% de plaintes sont déposées. Pierre-Olivier Variot estime que le contexte actuel génère des "crispations".

>>>> Santé : les agressions sur les pharmaciens sont en hausse de 17% par rapport à 2019, selon une étude de l'Ordre

franceinfo : Êtes-vous surpris par le nombre d'agressions envers les pharmaciens ?

Pierre-Olivier Variot, président de l'Union des syndicats de pharmaciens d’officine : Non pas du tout. Concernant le faible taux de dépôts de plainte, dans une phase où ils étaient débordés, je pense que les pharmaciens n'ont pas voulu ajouter une tracasserie administrative supplémentaire. On conseille pourtant aux pharmaciens de le faire.

70% des agressions sont liées à un refus de dispensation [analyser une prescription de médicaments, les délivrer et aider à leur correcte administration], soit l'impossibilité de délivrer les médicaments demandés, à quoi cela est dû ?

C'est lié à plusieurs choses. C'est lié aux ruptures de médicaments. Il y a des colères que l'on peut comprendre, comme celle de cette maman qui était arrivée très fatiguée et son souci a créé son agressivité parce que sur l'ordonnance de son enfant, il y avait quatre médicaments, mais la pharmacie n'en avait aucun. Il a fallu prendre le temps d'appeler le médecin et de voir avec lui. Elle s'est excusée, mais on prend quand même cette agressivité. Il y a aussi des cas où on n'a pas accès aux médecins parce qu'ils sont débordés et que les rendez-vous sont trop espacés. Ça a créé de grosses crispations. Parmi les solutions, la nouvelle loi qui dit que l'on peut renouveler les traitements pendant trois mois s'ils sont chroniques et que le patient est stabilisé. Ça va dans le sens d'un meilleur accompagnement des patients, mais ça ne résout pas tout.

Est-ce que le fait que le pharmacien soit en bout de chaîne de soins du patient le rend plus vulnérable ?

Oui. Il y a aussi le fait que l'on est toujours ouvert et que l'on peut venir à la pharmacie sans rendez-vous. Les patients n'hésitent donc pas à pousser la porte et c'est très bien. Cette facilité d'accès et le fait d'être en bout de chaîne pour le patient fait qu'on a aussi les crispations. Il faut aussi parler des pharmacies de garde. Dans certaines villes, les plus grandes, avant de se rendre dans une pharmacie de garde, passé une certaine heure, il faut passer par le commissariat qui prévient le pharmacien de l'arrivée d'un patient. Il fait donc un vrai filtrage qui renforce la sécurité. On a de plus en plus de villes où les commissariats se désengagent de ce filtrage par manque de moyens humains par exemple. En conclusion, pour améliorer la situation, il faut un accès aux soins plus facile et une meilleure prise en charge des patients.

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