Hormones de croissance : le professeur Montagnier témoin à charge
Quand on s'appelle Luc Montagnier, qu'on est le découvreur du virus du sida, et un grand spécialiste mondial de la virologie, sa parole est attendue.
_ Devant le tribunal correctionnel de Paris, qui juge depuis une semaine le scandale des hormones de croissance, le professeur Montagnier s'est fait témoin à charge.
Témoignage gênant, pour les sept accusés qui doivent répondre de 110 homicides involontaires : le professeur les avait alerté dès janvier 1980 sur les possibles risques sanitaires de l'hormone de croissance, particulièrement la maladie de Creutzfeldt-Jakob.
_ Le tribunal lui a fait relire sa note. Il recommandait d'importantes mesures d'hygiène lors des prélèvements d'hypophyses, une sélection stricte des donneurs et des irradiations des hormones pour tenter d'inactiver les agents pathogènes.
Personne n'en a tenu compte. C'est tout un système, pas un individu, que Luc Montagnier incrimine : “le problème de cette catastrophe, c'est qu'il y a eu une dilution des responsabilités. Il aurait été nécessaire à l'époque qu'il y ait une sorte de directeur, de chef, qui suive toutes les étapes”
Car à l'époque, les collectes des hypophyses étaient faites sans comptes rendus par des personnels non médicaux, parfois sur les corps de personnes mortes dans des services de neurologie ou de gériatrie, sans stérilisation d'instruments, parfois même au moyen de tringles à rideau ou de tuyaux.
_ “Il aurait été nécessaire de tracer les hypophyses, de connaitre la raison de la mort des personnes sur lesquelles on les prélevait, et cela supposait un travail médical en amont”, conclut-il.
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