Incendie de l'usine Lubrizol : "Est-ce que des dioxines ont été rejetées et si oui, en quelle quantité ?", demande Corinne Lepage
L'avocate et ancienne ministre de l'Écologie a saisi la justice pour obtenir "toutes les informations sur la pollution et les conséquences" de l'incendie du site de Rouen.
Les résultats d'analyses sur les suies et pollutions après l'incendie de l'usine Lubrizol à Rouen seront publiés le 2 octobre ou 3 octobre, a indiqué le ministre de l'Agriculture Didier Guillaume, mardi 1er octobre.
De nombreuses associations ou personnalités réclament plus de transparence sur ce dossier. C'est le cas de Corinne Lepage, avocate et présidente de CAP21, invitée de franceinfo. L'ancienne ministre de l’Écologie a saisi la justice lundi 30 septembre afin de connaître "toutes les informations sur la pollution et les conséquences" de l'incendie. Corinne Lepage a déposé un référé-constat devant le tribunal administratif de Rouen au nom de l'association Respire et de 100 citoyens.
"C'est une procédure d'urgence qui permet de manière contradictoire, c'est-à-dire avec Lubrizol et l'État, de pouvoir disposer des éléments, de pouvoir savoir exactement ce qui était dans l'usine et ce qui a brûlé, de savoir quelles sont les analyses qui ont été faites et celles qui restent à faire et également de faire un certain nombre de prélèvements pour la suite", a précisé l'ancienne ministre de l'Écologie sur franceinfo.
franceinfo: Pourquoi le faites-vous, qu'est-ce que vous attendez de la justice dans ce dossier ?
Corinne Lepage : D'abord, je voudrais dire clairement que je n'entre pas dans des thèses complotistes et je ne dis pas que ce que publie la préfecture n'est pas vrai. Là-dessus, je n'ai aucune raison de la mettre en cause. Mais il me paraît nécessaire de commencer pour les victimes à se constituer les éléments de preuve dont elles ont besoin et de pouvoir travailler. Un référé-constat, c'est une procédure d'urgence qui permet de manière contradictoire, c'est-à-dire avec Lubrizol et l'État, de pouvoir disposer des éléments (papiers, documents, autoristation), de pouvoir savoir exactement ce qui était dans l'usine et ce qui a brûlé, de savoir quelles sont les analyses qui ont été faites et celles qui restent à faire et également de faire un certain nombre de prélèvements pour la suite. On n'est pas dans la recherche des causes ni des responsabilités. On est vraiment au début de la procédure pour se constituer les éléments de manière contradictoire, c'est-à-dire pour sortir du débat qu'il y a actuellement.
La liste des produits qui se trouvaient sur le site n'est pas publique. Mais le directeur de l'usine, Laurent Bonvalet, assure avoir communiqué cette liste à l'administration. C'est cette liste-là que vous aimeriez rendre publique ?
Il y a des choses qui sont déjà publiques car il y a un plan de prévention des risques technologiques dans lequel sont indiqués un certain nombre de produits. La difficulté vient du fait que l'État, très récemment, a autorisé une extension très importante du stockage de produits sont à toxicité aiguë. Donc il faut savoir si ces produits étaient bien sur le site, s'ils ont brûlé ou non. Quand on sait les produits, on sait ce que cela peut émettre. Si vous avez des produits à base de chlore, des organo-chlorés, vous avez toutes les chances d'avoir des dioxines et des furanes. Est-ce que des dioxines et des furanes ont été rejetés et si oui, en quelle quantité ?
Il y a, selon vous, des analyses qui n'ont pas été faites ?
Je ne sais pas, c'est justement l'objet du constat d'urgence, elles l'ont peut-être été, elles sont peut-être en cours, elles ne l'ont peut-être pas été. Je suis quelqu'un de sérieux, quand je ne sais pas, je ne sais pas. Mais je me pose la question : pourquoi on n'a rien sur les dioxines, sur les furanes, sur l'amiante ? D'autres procédures vont être lancées dans les jours qui viennent.
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