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Incendie de Lubrizol à Rouen : est-il dangereux d'allaiter son bébé après la catastrophe ?

Pour les autorités, les analyses ne permettent pas d'affirmer qu'il est dangereux d'allaiter son enfant. Un avis partagé par trois gynécologues-obstétriciens qui conseillent de poursuivre l'allaitement maternel. 

Article rédigé par franceinfo
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L'usine Lubrizol de Rouen, le 27 septembre 2019.  (LOU BENOIST / AFP)

Qualité de l'air, risques sanitaires, produits alimentaires contaminés... Près de deux semaines après l'incendie de l'usine Lubrizol à Rouen, de nombreuses interrogations subsistent. Dans le live de franceinfo, l'un de nos internautes, @Hamirane, nous a signalé le cas d'une collègue, maman allaitante, inquiète de la toxicité de son lait alors que son enfant est tombé malade. 

Cette question de l'allaitement a été très abordée par les autorités lors d'une conférence de presse organisée par le préfet de Seine-Maritime, Pierre-André Durand, jeudi 3 octobre. Répondant aux interrogations sur les risques liés aux dioxines, notamment pour les femmes enceintes ou celles qui allaitent, les autorités se sont montrées rassurantes. "La contamination aux dioxines est une contamination alimentaire", et "pas une contamination par inhalation", a rappelé le professeur Loïc Marpeau, gynécologue-obstétricien au CHU de Rouen, convié à cette conférence de presse. Selon le médecin rouennais, pour les femmes, il ne s'agit "certainement pas d'arrêter d'allaiter. Ce risque est tout à fait négligeable, ce serait même plus risqué d'arrêter d'allaiter."

Contactée par franceinfo, la préfecture de Seine-Maritime est plus précise encore. Elle explique qu'il n'y a pas eu de cas d'enfants tombés malades et que le lait ne sera donc pas analysé. Même son de cloche du côté du CHU de Rouen, qui réfute toute possibilité que le lait maternel soit toxique. 

Une communication reprise par le gouvernement 

Le gouvernement indique de son côté qu'il "n'y a aucun risque concernant les femmes qui allaitent". Il invite tout de même à bien respecter les recommandations sanitaires émises par l'Agence régionale de santé de Normandie (ARS). 

Sur le site où sont récapitulées toutes les informations sur la situation à Rouen, le gouvernement rappelle par ailleurs que des analyses sont toujours en cours dans l'environnement et dans les denrées alimentaires. "Les résultats permettront de réaliser une évaluation des risques pour la santé humaine (...) [et de] tirer des recommandations sanitaires adaptées, y compris pour les femmes enceintes ou allaitantes", est-il ainsi mentionné.

Une balance bénéfices-risques en faveur de l'allaitement, pour les spécialistes

De l'avis des spécialistes contactés par franceinfo, la question dépend surtout des substances chimiques incriminées. "Le lait est très gras, il contient de l'eau, des protéines, des lipides et du sucre. Donc pour qu'une molécule passe, il faut qu'elle soit facilement soluble dans les graisses. Ça limite déjà les risques", explique Philippe Deruelle, gynécologue-obstétricien et secrétaire général du Collège national des gynécologues et obstétriciens de France. Avant de poursuivre : "Ça reste très complexe, il faudrait étudier les substances une par une et aussi prendre en compte le possible effet cocktail."

Un avis que partage le gynécologue-obstétricien Louis-Dominique Van Egroo. "On est sur une exposition aiguë ponctuelle. Mais est-ce pire que l'air respiré au quotidien ? Je ne suis pas sûr. Il faut rester mesuré, car pour l'instant, on n'a aucun élément positif aux résultats d'analyses", souligne le spécialiste. Tout comme leur confrère du CHU de Rouen, les deux docteurs se rejoignent d'ailleurs sur le fait qu'il ne faut pas arrêter l'allaitement. 

Cela signifierait pousser le principe de précaution à l'extrême et ce serait par exemple du même ordre que 'quelqu'un fume à côté de moi donc je n'allaite plus.'

Louis-Dominique Van Egroo, gynécologue-obstétricien

à franceinfo

"L'exposition des bébés aux perturbateurs endocriniens est nettement plus importante par l'environnement aérien que par le lait maternel", rassure Philippe Deruelle, pour qui la balance bénéfices-risques penche clairement en faveur de l'allaitement. 

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