"On est dubitatifs" : des habitants lancent une cagnotte pour faire de nouvelles analyses sur des terres agricoles après l'incendie de l'usine Lubrizol
La somme récoltée va servir à financer des analyses indépendantes sur trois exploitations maraîchères de la région.
À Rouen, alors que de nombreuses inquiétudes persistent quatre jours après le spectaculaire incendie de l'usine chimique Lubrizol, des habitants, animateurs d’une d’Amap, un réseau de distribution de produits bio dans l’Eure et la Seine-Maritime, ont décidé de lancer des analyses indépendantes. Presque 2 500 euros ont déjà été récoltés (sur un objectif initial de 1 000 euros). Cette somme doit servir à analyser le sol et l'eau de trois maraîchers dont la production a été gelée par arrêté préfectoral.
"Il y a un double souci, explique Benoît Leclerc, du réseau des Amap de Haute-Normandie. D'abord, la nature exacte des polluants, qui pourraient être incompatibles avec la consommation humaine. Et puis surtout, la rémanence des produits découverts. Même si les propos des institutions préfectorales se veulent rassurantes, on est quand même un peu dubitatifs."
On ne sait pas encore la nature des produits qui ont été sous combustion.
Benoît Leclerc, du réseau des Amap de Haute-Normandieà franceinfo
Derrière cette méfiance, on trouve notamment le délai de plusieurs heures entre le déclenchement de l’incendie et la sirène, qui permet d’alerter les habitants, et l’absence de mesure fine sur la qualité de l’air.
Atmo, le réseau indépendant qui fait des relevés, attend des résultats plus précis dans les prochaines heures. Des prélèvements d’air et de suies ont été faits en fin de semaine dernière. Mais, pour l’instant, seules des mesures d’urgence ont été exploitées, affirme Christophe Legrand, directeur adjoint de Atmo à Rouen : "Ce sont des mesures de protection directe des personnes qui interviennent. C'est-à-dire qu'on va chercher à qualifier des concentrations extrêmement élevées qui pourraient mettre en danger immédiatement les personnes. Ce ne sont pas des mesures adaptées à faire de l'évaluation de l'état de l'atmosphère."
Ce qui a été disponible assez rapidement, ce sont les mesures qui se font dans l'urgence, au moment de l'incendie.
Christophe Legrand, directeur adjoint de Atmo à Rouenà franceinfo
Des analyses sont aussi en cours sur les produits agricoles. Les maraîchers se demandent notamment s’il n’y a pas un risque d’avoir des terres durablement contaminées.
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