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Vidéo Les gens du voyage aux premières loges des risques Seveso

Publié Mis à jour
Durée de la vidéo : 3 min
Oeil 20h - 03/10/2019
Oeil 20h - 03/10/2019 Oeil 20h - 03/10/2019
Article rédigé par L'Oeil du 20 heures
France Télévisions

En cas d’accident industriel, les recommandations sont claires : des salles de confinement doivent mettre à l’abri du danger les riverains, y compris, bien sûr, les gens du voyage. Pourtant, nous avons découvert qu’à Rouen comme ailleurs : rien de tel n’était prévu pour eux ! Les conditions de sécurité seraient-elles parties en fumée ?

L'aire d'accueil des gens du voyage de Rouen-Petit-Quevilly (Seine-Maritime) est installée à à peine 500 mètres de l’usine Lubrizol. Une semaine après l'incendie, Vanessa Moreira Fernandes, résidente de l'aire, n’a rien oublié de cette nuit, dont elle garde une vidéo sur son téléphone. "C’est là qu’on a le plus paniqué, parce qu'on voyait vraiment les explosions, ça dépassait la cheminée” raconte-t-elle.

Au petit matin, les autorités ne lui donnent qu’une seule consigne: s’abriter dans sa caravane. “Le problème c’est qu'une caravane, c’est pas une maison. Tout l’air qu’il y avait dehors, on le ressentait à l'intérieur. C’était une odeur de gaz, d’huile, c’était irrespirable", décrit-elle. "C’est pas isolé du tout, c’est de la tôle, c’est du bois, c’est du polystyrène. Moi, j’ai cru qu’on allait mourir.

Dans ce secteur, à proximité immédiate de deux zones Seveso (Lubrizol Rouen et ZIP Petit et Grand Quevilly), la métropole de Rouen-Normandie, propriétaire des lieux, n’a construit aucun local de confinement pour protéger les gens du voyage. Pourtant, dans un document de janvier 2018, l’État recommande de “réaliser un local de confinement”. Contactée, la métropole assure que les travaux devraient commencer en 2020. Trop tard donc pour l’incendie de l’usine Lubrizol.

Marseille : une zone de confinement... qui n'en est pas une !

Et ce n’est pas un cas isolé. A Marseille (Bouches-du-Rhône), la seule aire d’accueil de la ville, à Saint-Menet, est située en pleine zone Seveso, à 300 mètres à vol d’oiseau d’une usine de produits chimiques. La famille de Sacha Zanko et environ 150 personnes vivent ici, coincés entre l’autoroute, une ligne de chemins de fer et des pylônes électriques. “On est sous tension comme on dit ! Il y a une inconsidération pour les Français voyageurs”, s'énerve-t-il.

Ici, il existe pourtant une zone de confinement en cas d’accident industriel. Elle se situe dans la salle de loisirs du centre social installé sur l'aire d'accueil. C'est la découverte du jour, même pour la directrice. “La métropole m’a dit ce matin que c’est la salle de confinement prévue. Mais avant, je ne le savais pas”, confie, embarrassée, Fatiha Benhamahoum, directrice du centre de culture ouvrière (CCO) de Saint-Menet. "Mais elle n'est pas étanche, donc ce n’est pas vraiment une pièce de confinement”, précise-t-elle.

Mais alors, si un incendie comme celui de Rouen survenait ici en pleine nuit, que se passerait-t-il avec cette salle ? "Elle ne serait pas accessible. Elle est ouverte de 7h30 jusqu’à 17h. Et c’est fermé le week-end”, concède, gêné, Gilles Tireau, responsable de l'aire pour la métropole Aix-Marseille-Provence.

Contactée, la métropole assure qu’elle va engager une réhabilitation globale et une mise aux normes de l’aire d’accueil. Mais elle n’a pas précisé si elle comptait élargir ses horaires d’ouverture...

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