Comment expliquer l'intensité des incendies dans les Bouches-du-Rhône ?
Plusieurs feux, attisés par des vents violents, ont ravagé plus de 3000 hectares de végétation et plusieurs quartiers le mercredi 10 août, dans le département des Bouches-du-Rhône.
Les violents incendies au nord de Marseille sont désormais maîtrisés, laissant un paysage désolé de collines calcinées et d'habitations noircies. Les opérations de "noyage" des braises pour éviter la reprise des incendies qui ont détruit 3 300 hectares de garrigue, mercredi 10 août, sont toujours en cours vendredi dans le département des Bouches-du-Rhône.
Les pompiers n'avaient pas connu "depuis longtemps" une telle situation dans la région. Attisés par un fort Mistral, ces violents incendies frappent par leur ampleur. Comment l'expliquer ?
Une urbanisation mal contrôlée
Interrogé par Le Monde, Eric Maillé, ingénieur au centre d’Aix-en-Provence de l’Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture met en cause la "dynamique d'urbanisation" dans le département des Bouches-du-Rhône. Pour le spécialiste, ces incendies "illustrent ce que l'on peut redouter au cœur de la conurbation Aix-Marseille", où de nombreux logements sont présents dans des zones forestières.
En cause ? "La pression sociale est forte, les gens veulent avoir leur maison dans la forêt." Pour Éric Maillé, il est donc nécessaire de repenser l'aménagement du territoire, notamment en raisonnant "au niveau intercommunal plutôt que communal" et en densifiant "l'habitat existant plutôt que de l’étendre et le disséminer dans les massifs".
Des derniers mois très secs
Des incendies de cette ampleur ont également été possibles du fait "d'un cocktail incendiaire", relève Éric Maillé. Car le début d'année assez pluvieux a favorisé une forte "production de biomasse ou matière végétale", qui s'est accumulée dans la garrigue. Et les derniers mois ont été secs. De nombreuses restrictions d'eau avaient été prises dans différentes communes du département.
Guillaume Woznica, météorologue à La Chaîne Météo, explique ainsi au Figaro que des "déficits pluviométriques qui pouvaient atteindre jusqu'à 70 à 80 %" avaient été observés, "les sols sont donc très secs, les nappes phréatiques sont à un niveau bas." Conséquence ? L'abondante matière végétale accumulée était particulièrement déshydratée, un état propice à l'embrasement des garrigues.
Des vents soufflant à plus de 100 km/h
"Malheureusement, il y a eu une combinaison de plusieurs facteurs, avec une très forte sécheresse de surface, ajoutée à des vents très importants, qui ont atteint mercredi jusqu'à 107 km/h", constate Florent Schindler, directeur de l'information de La Chaîne Météo au Figaro.
Une météo défavorable amplifiée par l'effet "Venturi", un phénomène d'accélération de la vitesse du vent. L'air passe donc entre le Massif central et les Alpes, directement dans le couloir rhodanien. Il circule dans une zone de circulation réduite, et devient donc plus fort.
Le vent a oscillé entre l'orientation nord et l'orientation nord-ouest, ce qui a impliqué une vitesse de propagation très importante des flammes dans plusieurs directions.
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