: Infographies Quels sont les moyens aériens et terrestres de la France pour lutter contre les incendies ?
Les incendies ont marqué les esprits en France en 2022 avec 72 000 hectares de forêts et de broussailles sont partis en fumée en France. Avec 50 départements touchés au total, en particulier durant l'été, ces feux simultanés et particulièrement intenses ont forcé le gouvernement à imaginer de nouvelles solutions.
Les moyens de lutte contre les incendies "ont été encore renforcés pour l'été 2023", avait assuré Emmanuel Macron lors d'un déplacement dans le Gard, le 2 juin. Ce dispositif a été activé pour lutter contre les feux de forêt qui se sont déclarés en Haute-Corse dans la nuit du mardi 25 au mercredi 26 juillet, où de deux avions bombardiers d'eau et deux hélicoptères ont notamment été mobilisés, selon un officier des pompiers interrogé par l'AFP. Franceinfo fait le point sur le dispositif mis en place par l'Etat.
Un total de 47 avions et hélicoptères disponibles
Les moyens aériens ont été particulièrement renforcés cette année avec neuf avions ou hélicoptères supplémentaires. Le nombre d'appareils disponibles est ainsi passé de 38 en 2022 à 47, en 2023, décompte la sécurité civile, interrogée par franceinfo.
Dans le détail, 12 Canadair, facilement reconnaissables à leurs couleurs jaune et rouge, seront mobilisables. Parmi eux, deux sont issus de rescUE, un dispositif d'entraide européen activable à la demande des 27 pays membres de l'Union européenne. "RescUE est une réserve capacitaire de moyens nationaux. Le matériel issu de ce dispositif est donc comptabilisé dans les moyens nationaux", explique la sécurité civile. Ces deux avions bombardiers d'eau amphibie ont été prépositionnés en Corse, les dix autres se situant à la base aérienne de Nîmes-Garons (Gard). En tout, il existe 23 bases aériennes de la sécurité civile réparties sur le territoire français.
Le pays dispose aussi de neuf Dash. Ce type d'aéronef dispose d'un réservoir de 10 000 litres d'eau ou de produit retardant, soit quatre tonnes de plus que le Canadair. Parmi les neuf appareils, l'un d'eux a été livré le 1er juin et un autre a été loué par le gouvernement à une entreprise française et devrait arriver au début du mois de juillet. Selon la sécurité civile, "un des avions Dash a déjà été placé dans la zone Sud-Ouest, à Bordeaux".
Si les Canadair et les Dash font partie des bombardiers d'eau les plus connus, il existe d'autres types d'appareils tout aussi importants. Cette année, la flotte nationale de la sécurité civile s'est agrandie avec la location de quatre Air Tractor. Ce petit avion d'origine texane s'avère particulièrement polyvalent. Il peut intervenir sur des terrains dans lesquels des avions plus gros ne peuvent pas manœuvrer.
En outre, trois Beechcraft, des avions de liaison et de reconnaissance, assurent la coordination en vol des opérations aériennes. Ils mèneront aussi des missions d'investigation et de surveillance des zones où le risque est élevé.
"Jusqu'à dix hélicoptères bombardiers d'eau seront loués au cœur de la saison. Deux d'entre eux ont déjà rejoint la flotte nationale au début du mois de juin et quatre pourront être employés jusqu'à fin septembre", mentionne également le ministère de l'Intérieur dans son dossier dédié aux dispositifs de lutte contre les feux de forêt. L'un d'eux a été prépositionné à Jonzac, petite commune située à 100 km au nord de Bordeaux (Gironde). Deux autres vont être envoyés à Corte (Haute-Corse), à compter du 1er juillet. Un autre, prêté à l'occasion du dispositif RescUE, se situe en région parisienne.
Enfin, neuf avions des services départementaux d'incendie et de secours ont été conventionnés par l'Etat. En effet, certains départements du sud de la France possèdent des hélicoptères et des avions de reconnaissance pour lutter contre les feux de forêts en été. Par exemple, la sécurité civile possède 37 hélicoptères Dragon. "Ils ne sont pas comptabilisés dans les 47 aéronefs, car ils sont avant tout mobilisés pour des opérations de secours d'urgence, mais ils peuvent tout de même être mobilisés pour certains feux", explique la Sécurité civile à franceinfo.
Par ailleurs, ces avions ne pourraient pas agir contre les incendies sans les pélicandromes, qui constituent les bases de ravitaillement en produit retardant et en eau. En 2023, leur nombre s'élève à 25 en France (départements et régions d'outre-mer non inclus) contre 22 en 2022. Celui de Mont-de-Marsan (Landes) sera effectif dès le 1er août, souligne France Bleu Gironde.
Quelque 3 660 sapeurs-pompiers avec 51 colonnes mobilisées
Cette flotte dédiée aux incendies est accompagnée d'importants moyens terrestres. Là aussi, le gouvernement a renforcé les capacités humaines de manière inédite. Au premier niveau d'intervention, la lutte contre les feux de forêts incombe aux sapeurs-pompiers locaux. Si l'évolution du sinistre nécessite des besoins supplémentaires, ils pourront être appuyés par les colonnes de renforts nationales, constituées de soldats du feu venus de tous les départements français.
Son nombre s'élève à 51 colonnes en 2023 (contre 44 pour 2022), soit quelque 3 660 hommes et femmes. "Chaque colonne est composée de 50 à 70 sapeurs-pompiers, d'un véhicule de commandement et de soutien et de trois groupes d'intervention feux de forêt", détaille la sécurité civile.
Elles sont réparties en huit zones distinctes dans l'Hexagone et en Corse, qui se voient attribuer un nombre de colonnes en fonction des risques d'incendies. Par exemple, on retrouve 21 colonnes dans la zone sud tandis qu'il n'y en a que deux dans la zone nord.
Une grande partie des colonnes (46) est constituée de pompiers spécialisés dans la lutte contre les feux de forêt. Elles réunissent environ 3 300 personnes. Les cinq autres, qui représentent 360 individus, sont issues de trois unités militaires de la sécurité civile situées à Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir), Corte (Haute-Corse), et Brignoles (Var). La création d'une quatrième unité avait été annoncée par le président Emmanuel Macron en octobre 2022 mais "elle ne sera opérationnelle qu'en 2024", affirme la sécurité civile à franceinfo.
En complément de ces moyens, 650 femmes et hommes des formations militaires de la sécurité civile (ForMiSC) seront là pour renforcer le premier dispositif. Ils sont aussi mobilisables sur l'ensemble du territoire européen.
Enfin, le protocole Héphaïstos, créé en 1984 pour lutter contre les feux de forêt dans 23 départements du sud de la France, permet aussi de soutenir les militaires de la sécurité civile et les sapeurs-pompiers. En 2022, 270 militaires ont été mobilisés sur les deux mois d'été. Cette année, "le protocole sera opérationnel sur l'ensemble du territoire national et sera renforcé par trois unités d'appui et quatre sections à pied, représentant jusqu'à 150 militaires supplémentaires mobilisés, notamment pour la création de pistes et de coupe-feu", explique le ministère de l'Intérieur.
Une météo des forêts pour plus de réactivité
Sur le front de la prévention, une "météo des forêts" a été lancée le 2 juin. Pendant la période estivale, cette carte de prévisions quotidiennes présente à l'échelle départementale le degré de risque selon un code couleur allant du vert (faible) au rouge (très élevé), en passant par le jaune (modéré) et l'orange (élevé).
Elle permet de sensibiliser la population aux bons gestes, alors que neuf incendies sur dix sont d'origine humaine. Elle sera aussi scrutée par les employés du Centre opérationnel de gestion interministérielle des Crises, actif à partir du 1er juin sur la base de Sécurité civile de Nîmes-Garons (Gard). C'est à cet endroit qu'est désormais géré, au niveau national, l'ensemble des moyens aériens. Ainsi, en cas de degré très élevé d'incendies dans un département, des aéronefs pourront être envoyés 24 à 48h avant dans les territoires les plus à risque afin de gagner du temps.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.