Incidents au Stade de France : ce qu'il faut retenir de l'audition des ministres Gérald Darmanin et Amélie Oudéa-Castéra au Sénat
Quatre jours après le fiasco de la finale de la Ligue des champions au Stade de France, les ministres de l'Intérieur et des Sports ont été interrogés par les sénateurs.
"Le gouvernement n'a rien à cacher." Mercredi 1er juin, en fin de journée, les ministres de l'Intérieur et des Sports ont tenu à apporter des précisions sur l'organisation chaotique de la finale de la Ligue des champions, quatre jours plus tôt. Gérald Darmanin et Amélie Oudéa-Castéra ont été interrogés par les commissions sénatoriales des lois et de la culture au sujet du fiasco retentissant de cette soirée. Faux billets, délinquance, affluence aux abords du Stade de France... Voici ce qu'il faut retenir de leur audition.
Le gouvernement présente ses "excuses"
"Il est évident que les choses auraient pu être mieux organisées", a d'abord reconnu le ministre de l'Intérieur. "Il est évident que cette fête du sport a été gâchée", a ajouté Gérald Darmanin, présentant ses "excuses". "Et nous regrettons très sincèrement les débordements parfois inacceptables qui ont eu lieu", a-t-il encore insisté. Egalement sous le feu des critiques, Amélie Oudéa-Castéra, la nouvelle ministre des Sports, a tenu à "réexprimer" les "regrets" du gouvernement. "Mes pensées vont aussi aux Britanniques. Je veux leur redire tous mes regrets pour ceux d’entre eux qui ont été privés de ce match mais aussi les appeler à une certaine compréhension des difficultés que nous avons rencontrées", a-t-elle expliqué.
Darmanin persiste sur les fans sans billet
S'il a tenu à présenter des excuses, le ministre de l'Intérieur a en revanche réaffirmé que "110 000 personnes" se sont présentées "dans et autour du Stade de France", soit "35 000" de plus que la jauge prévue, un point pourtant très contesté depuis samedi. Pour Gérald Darmanin, cela correspond à des supporters avec des billets falsifiés ou sans billet. "Nous pensions que les problèmes viendraient du côté de Liverpool avec les mouvements de hooliganisme violent, sauf que les problèmes sont venus des faux billets", a-t-il concédé.
Les autorités avaient été alertées du risque
Selon les informations de Radio France, une note de prévision de la Direction nationale de lutte contre le hooliganisme (DNLH) anticipait la présence massive de supporters anglais sans billet à Paris et alertait également sur les risques de faux billets. "Je fais un mea culpa devant vous, je n'ai pas eu connaissance de la note de la DNLH qui faisait état d'un risque important de faux billet côté anglais dès mercredi", a concédé Gérald Darmanin, selon qui "le contenu de cette note n'aurait rien changé".
Le gouvernement invoque le délai réduit
Pour expliquer le fiasco de cette prestigieuse soirée, le gouvernement a aussi mis en avant le délai qu'il avait pour organiser la finale, délocalisée de Saint-Pétersbourg à Paris après le début de l'invasion russe en Ukraine, fin février. Les autorités ont dû "organiser en trois mois" un tel événement alors qu'elles ont connu "le 4 mai l'identité des finalistes, avec la spécificité très forte de Liverpool", a souligné la ministre des Sports.
Gérald Darmanin s'en est aussi pris à la particularité du club britannique. "Le club de Liverpool pose des questions d'ordre public", a-t-il assuré, alors que les "Reds" continuent de fustiger l'attitude des autorités aux abords du Stade de France.
Les supporters pourront porter plainte
Les "citoyens britanniques et espagnols pourront déposer plainte dans leur pays à partir de lundi", a expliqué Gérald Darmanin devant le Sénat. Des policiers vont être déployés en lien avec les ambassades françaises à Madrid et à Londres "afin d'assister" les supporters britanniques et espagnols qui estiment avoir été victimes d'infractions samedi soir au Stade de France. Ces citoyens pourront aussi saisir l'Inspection générale de la police nationale (IGPN).
Le maintien de l'ordre sera revu à l'avenir
Devant les sénateurs, le ministre de l'Intérieur a assuré qu'il avait demandé au délégué interministériel aux JO et aux grands évènements, Michel Cadot, d'envisager "des règles différentes" de celle de la dispersion avec du gaz lacrymogène en cas "d'évènements sportifs exceptionnels". "Manifestement, l'expérience mérite d'être très largement revue", a-t-il défendu. Par ailleurs, "deux saisines de l'IGPN", la police des polices, ont été effectuées depuis samedi dernier, a-t-il également déclaré au cours de cette audition de plus de trois heures.
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