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Incidents au Stade de France : ce qu'il faut retenir du rapport du Sénat qui décrit un "fiasco inévitable", résultat de "défaillances"

La finale de la Ligue des champions avait viré au chaos. Les sénateurs concluent à un "échec" imputable aux décisions de la préfecture de police de Paris et critiquent la réaction de Gérald Darmanin après les événements.

Article rédigé par franceinfo
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Des CRS aux portes du Stade de France (Seine-Saint-Denis), le soir de la finale de la Ligue des champions entre Madrid et Liverpool, le 28 mai 2022. (THOMAS COEX / AFP)

"Ce n'est pas parce qu'il y avait des supporteurs de Liverpool qui ont accompagné leur équipe que ça s'est mal passé", a déclaré Laurent Lafon. Le sénateur et président de la commission de la culture au Sénat a présenté, mercredi 13 juillet, un rapport d'information sévère envers la gestion par les autorités de la sécurité autour du Stade de France, le soir de la finale de la Ligue des champions. Ce document, coprésenté par François-Noël Buffet (LR), exonère les supporters d'une quelconque responsabilité dans le "fiasco inévitable" qui a entouré la rencontre Madrid-Liverpool, samedi 28 mai.

Avant la Coupe du monde de rugby (2023) et les Jeux olympiques et paralympiques (2024), plusieurs recommandations sont aussi adressées aux différents acteurs de la sécurité du public pour éviter de nouveaux incidents dans l'organisation de grandes compétitions sportives. Voici les points saillants de ce rapport extrêmement attendu, un mois et demi après les faits.

Un "échec" dû aux "décisions de la préfecture de police"

"Cet échec a été avant tout le résultat d'un enchaînement d'événements et de dysfonctionnements qui ont donné lieu à un affaiblissement des dispositifs mis en place", dénonce le rapport. "Il tient aux décisions prises par la préfecture de police de Paris", a souligné François-Noël Buffet (LR), le président de la commission des lois.

>> On a examiné les arguments des autorités pour expliquer le fiasco de la finale de la Ligue des champions

Laurent Lafon a également évoqué des "défaillances" aussi bien dans la "préparation" que dans "l'exécution". "En amont, les scénarios de crises ont été insuffisamment travaillés et n'ont pas fait preuve de la souplesse nécessaire face à la multiplication des événements non anticipés", pointe le rapport. "Chacun était dans son couloir sans qu'il y ait une véritable coordination", a résumé Laurent Lafon. Plus spécifiquement, les sénateurs estiment que le dispositif a été "débordé" sur "un point précis, le pré-filtrage".

Une analyse "injuste" de Gérald Darmanin

Le rapport fustige les conclusions tirées précédemment par Gérald Darmanin. Le ministre de l'Intérieur avait rapidement incriminé les supporteurs anglais de Liverpool, avant de présenter tardivement ses excuses. Il avait affirmé, lors de son audition devant les sénateurs, que près de "35 000" fans munis de billets falsifiés ou sans billets s'étaient présentés ce soir-là devant le Stade de France. Quelques jours plus tôt, il avait qualifié de "mal racine" cette présence massive, selon lui, de faux billets.

Le président de la commission de la culture a estimé que cette "analyse" du ministre de l'Intérieur après les incidents, faisant porter la responsabilité des incidents sur la présence de billets falsifiés, "n'était pas la bonne". "C'était une analyse partielle et imprécise", a-t-il ajouté, tandis que le rapport parle d'une analyse "injuste".

"Les premières déclarations ne correspondaient pas à la vérité", a également dénoncé François-Noël Buffet (LR). Le sénateur (LR) Michel Savin a aussi dénoncé dans un communiqué "l'attitude du ministre de l'Intérieur", lors des auditions, qui "n'aura pas permis à notre commission de comprendre parfaitement ce qui s'est passé".

Des recommandations avant la Coupe du monde de rugby et les JO

Le rapport préconise une quinzaine de mesures, dont celle d'"imposer aux opérateurs" de conserver les images de vidéosurveillance "pendant la durée légale d'un mois". "Ni le consortium (...) ni la préfecture de police, ni le parquet de Bobigny, n'ont agi avec diligence pour sauvegarder une preuve indispensable à la manifestation de la vérité", dénoncent les auteurs du rapport.

Il est, selon les sénateurs, nécessaire d'améliorer "l'attractivité des abords du Stade de France afin d'inciter les spectateurs à venir plus tôt et à repartir plus tard" pour "mieux réguler les flux d'entrée et de sortie, depuis et vers les transports", tout comme "renforcer la formation des stadiers et améliorer l'articulation entre les stadiers et les forces de l'ordre". Ils demandent aussi au ministère de l'Intérieur de "définir une doctrine d'emploi du gaz lacrymogène", qui "prévienne l'exposition de personnes ne présentant pas pour eux un danger immédiat".

Ils recommandent surtout de "rendre obligatoire le recours à des billets infalsifiables" lors de tels événements, à un an de l'organisation en France de la Coupe du monde de rugby et avant les Jeux olympiques de Paris en 2024. Laurent Lafon précise toutefois que "la gestion inadaptée de la billetterie ne peut en aucun cas être considérée comme la cause unique ou comme la cause des incidents". Les sénateurs recommandent enfin d'"exiger de l'organisateur qu'il informe en temps réel les détenteurs de billets des modalités d'accès au stade" pour éviter de nouveaux incidents dans les mois et années à venir.

Lors de la séance des questions au gouvernement, mercredi après-midi, le ministre de l'Intérieur a reconnu devant les sénateurs des "dysfonctionnements et des erreurs". "Nous suivrons les recommandations du Sénat", a promis Gérald Darmanin devant les sénateurs. Le ministre de l'Intérieur a aussi annoncé la tenue d'une réunion "la semaine prochaine" avec l'ensemble des services du ministère de l'Intérieur.

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