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Incidents au Stade de France : "Pour l'instant, nous ne sommes pas prêts à accueillir de grands événements", réagit un sénateur

"Il y avait largement le temps de demander aux responsables de la Fédération française de football et probablement à ceux de la RATP et de la SNCF de livrer les images" de vidéosurveillance, estime sur franceinfo Laurent Lafon, sénateur et président de la commission sénatoriale de la culture et sport.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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De gauche à droite : le directeur des relations avec les institutions de la Fédération française de football (FFF), Erwan Le Prevost, la directrice générale de la FFF, Florence Hardouin, le vice-président de la FFF, Philippe Diallo, et le responsable de la sécurité de la FFF, Didier Pinteaux, assistent à une audition au Sénat sur les incidents survenus au Stade de France pendant la finale de la Ligue des champions, le 9 juin 2022. (ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP)

Laurent Lafon, sénateur et président de la commission sénatoriale de la culture et sport, réagit mercredi 9 juin sur franceinfo à l'issue des auditions devant le Sénat du préfet Didier Lallement et de la Fédération française de football sur les incidents aux abords du Stade de France. Pour le sénateur, "les langues commencent à se délier". Il tire comme leçon que la France n'est pas "prête à accueillir de grands évènements, que la coordination entre les acteurs ne fonctionne pas."

>> Vidéos effacées, "échec", "main trop lourde de la police" : ce qu'il faut retenir des auditions au Sénat sur les incidents au Stade de France

franceinfo : Est-ce que vous avez été convaincu par ce que vous avez entendu aujourd'hui ?

Laurent Lafon : Chacun reconnaît que c'est un échec. Chacun reconnaît sa part de responsabilité. Maintenant, il faut qu'on aille au-delà et qu'on continue nos auditions. Je crois qu'on voit bien, au fil des auditions qu'il n'y a pas un facteur déterminant, mais une série de facteurs et qu'il y a eu vraiment une absence de coordination qui fait qu'on est arrivé à ce fiasco de la soirée de la finale de la Champion's League.

Tout le monde reconnaît un échec lors de ces auditions mais peu prennent leur part de responsabilité. Que pouvez-répondre à cela ?

C'est parfois renvoyé à d'autres. Mais en tout cas, au fil des auditions, les choses commencent à s'éclaircir et je trouve que les langues commencent à se délier. D'abord, on voit bien que le chiffre de 30 000 à 40 000 spectateurs supplémentaires qui n'avaient pas de billets ou qui avaient des faux billets est en train de diminuer, de dégonfler. Le préfet de police a reconnu ce matin que ce n'était peut-être pas 30 à 40 000, mais qu'il y avait en tout cas des spectateurs en plus. Ça, c'était une chose que nous avons appris ce matin. La deuxième chose, c'est que clairement, les responsables de la Fédération française de football disent que la liaison et la communication avec la RATP n'a pas été bonne et que la RATP n'a pas fourni les informations nécessaires. Nous auditionnerons la semaine prochaine la RATP. Et puis, derniers éléments d'information qui est important : les images. Et on sait que ces images aujourd'hui ont beaucoup de valeur, c'est-à-dire qu'elles permettraient de mieux comprendre ce qui s'est passé. Les images n'ont pas été réquisitionnées par la justice et donc elles ont été détruites.

Sur ce point-là, n'y-a-t-il pas une forme d'incompréhension, voire de sidération ? Cette destruction des images de vidéo-surveillance automatiquement au bout de sept jours, comment est-ce que ça peut arriver ?

La loi prévoit la disparition automatique de ces images au bout de sept jours.

"Ce qui n'est pas normal, c'est que la justice n'ait pas réquisitionné ces images alors même qu'elle avait été saisie par le préfet de police dès le lendemain de la finale."

Laurent Lafon, sénateur et président de la commission sénatoriale de la culture et sport

à franceinfo

Donc, il y avait largement le temps de demander aux responsables de la Fédération française de football et probablement à ceux de la RATP et de la SNCF de livrer les images.

Ce chiffre de 30 000 à 40 000 personnes qui seraient arrivés au stade sans billet, le préfet de police lui-même a tendance à revoir ce chiffre à la baisse et paraît dire aujourd'hui que ce chiffre n'a pas d'importance. Est-ce lui qui a donné ce chiffre le soir de la finale ?

Oui, c'est vrai. Le chiffre a été donné par le préfet de police et envoyé au ministre de l'Intérieur dès le lendemain. Manifestement, le ministre de l'Intérieur a repris les chiffres. Aujourd'hui, on nous dit que les chiffres viennent des deux opérateurs de transport, à savoir la SNCF et la RATP. Nous vérifierons auprès de ces deux sociétés la semaine prochaine. Tout le problème, c'est que la communication du gouvernement a été basée sur ces chiffres-là. C'est parce qu'il y avait trop de monde qui s'est présenté au stade et dans les points de filtrage que ça a provoqué des goulots d'étranglement. Et on s'aperçoit au fil des auditions que certes il y avait sans doute du monde en plus mais pas à la hauteur de ce qui a été donné au début.

Est-ce que vous avez le sentiment, après cette série d'auditions, que les supporters de football ont servi de bouc émissaire ?

En tout cas, les supporteurs de Liverpool, effectivement peut-être, ont été un peu trop rapidement pointés du doigt dans leur comportement.

"Si la communication gouvernementale n'avait pas été au début basée uniquement sur cette question du nombre de spectateurs anglais en trop et des fausses billetteries alors peut-être que tous ces malentendus qui vont à mon avis être durables, n'auraient pas eu lieu."

Laurent Lafon, sénateur et président de la commission sénatoriale de la culture et sport

à franceinfo

La décision d'organiser cette finale de Ligue des champions a été prise sans coordination entre les acteurs. Il y a eu des gros manquements dans cette coopération, donc c'est une série de dysfonctionnements qui s'est accumulée dans le temps.

Quelles leçons en tirez-vous ?

Les leçons qu'on doit en tirer, c'est que pour l'instant, nous ne sommes pas prêts à accueillir des grands événements puisqu'il y a encore des possibilités que notre organisation soit prise en défaut. Elle l'a été il y a à peine dix jours. Ça prouve que nous ne sommes pas prêts, que la coordination entre les acteurs ne fonctionne pas, que l'utilisation des forces de police n'est pas suffisamment efficace, que les différents scénarios présentant un risque ne sont pas étudiés et anticipé de façon suffisante. Bref, nous ne sommes à ce jour pas prêts.

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