Casinos en ligne : le gouvernement envisage de les autoriser, et de les taxer

La France est, avec Chypre, le seul pays européen à ne pas autoriser les casinos en ligne. Lourdement taxés, ils pourraient pourtant représenter une rentrée d'argent conséquente.
Article rédigé par Edouard Marguier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Les jeux d'argent représentent "une drogue potentielle" rappellent les addictologues. (SIMON DAVAL / MAXPPP)

Vers une autorisation des casinos en ligne ? L'exécutif a déposé samedi 19 octobre un amendement en ce sens dans le projet de budget 2025, qui est en train d'être discuté à l'Assemblée nationale. Les autorités de jeux en ligne plaident depuis longtemps en faveur de cette approbation, alors que la France est le dernier pays européen avec Chypre à ne pas avoir régulé ce marché qui peut rapporter gros à l'État.

Même si c'est illégal en France, les casinos virtuels sont déjà fréquentés dans le pays. Trois millions de personnes y auraient joué en 2023, en se connectant à sites hébergés à l'étranger, selon une estimation de l'ANJ, l'Autorité nationale des jeux. On y trouve tout ce qu'il y a dans les casinos physiques : des machines à sous, la roulette, etc.

La loi de 2010 sur les jeux d'argent sur internet n'autorisait que les paris sportifs, le paris hippiques et le poker. Le gouvernement veut donc autoriser les casinos en ligne pour mettre un terme à leur développement illégal et les contrôler en leur imposant de faire de la prévention sur le risque d'addiction. Mais l'État pourrait aussi, et surtout, les taxer en cette période de crise budgétaire. L'ANJ estime que l'offre illégale représente jusqu'à 1,5 milliard d'euros de recettes, taxées à plus de 55% : cela pourrait rapporter 800 millions d'euros par an à la France.

Les casinos traditionnels très inquiets

Les salles françaises risquent de perdre le tiers de leur chiffre d’affaires, regrette le président du syndicat des casinos de France. Grégory Rabuel, par ailleurs directeur général du groupe Barrière prévient qu'il y aura des conséquences fiscales et sociales. "La filière casino donne aujourd'hui 1,5 milliard d'euros, et bien nous donnerons 450 millions d'euros de moins, ça c'est une première conséquence fiscale. Ensuite, il y a une conséquence sociale, puisque nous estimons que, dans les douze mois, suite à la mise en œuvre de ce projet de loi, nous aurions 15 000 emplois supprimés dans nos casinos pour une raison simple, 65 casinos sur 202 fermeraient."

"Les plus petits casinos ne résisteraient pas à l'arrivée des jeux en ligne."

Grégory Rabuel, président du groupe Barrière et du syndicat des casinos de France

à franceinfo

Il n'est pas contre une régulation, mais demande l'ouverture de ce marché aux seuls établissements physiques. Le professionnel s'interroge également sur le calendrier de cette annonce gouvernementale, car, récemment, la Française des Jeux, le plus gros acteur français a acheté le suédois Kindred, l'un des leaders européens du casino en ligne.

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