Vers une autorisation des casinos en ligne : "On a vraiment une drogue potentielle", met en garde un addictologue

Le gouvernement a déposé un amendement dans le projet de budget 2025 en cours d'examen à l'Assemblée nationale envisageant d'autoriser les casinos en ligne.
Article rédigé par franceinfo
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La France est le dernier pays européen à ne pas autoriser les casinos en ligne. (XAVIER DE FENOYL / MAXPPP)

"Le jeu d'argent peut donner lieu à une addiction. Dans la classification internationale des maladies, il y a l'addiction à l'alcool, au tabac, aux substances psychoactives et au jeu", rappelle mardi 22 octobre sur franceinfo Michel Lejoyeux, professeur de psychiatrie et d’addictologie à l’université Paris Cité. "On a vraiment une drogue potentielle", prévient le psychiatre alors que le gouvernement envisage d'autoriser les casinos en ligne en France, réclamée depuis plusieurs années par les opérateurs du secteur, ce qui inquiète les casinos traditionnels. L'exécutif souhaite mieux les réguler alors que 3 millions de Français ont déjà joué l'année dernière à des casinos virtuels sur des sites hébergés à l'étranger. Mais l'État envisage également de les taxer, une source de recettes fiscales non négligeable en ces temps budgétaires difficiles.

Michel Lejoyeux témoigne du  "nombre considérable" de ses patients qui "ont une addiction caractérisée avec perte de contrôle et incapable de limiter" leur "comportement". Le gouvernement assure que des messages de prévention sur l'addiction seront imposés aux opérateurs. "Tout ce qui aboutit à rendre l'accès un peu plus difficile, un peu plus contraint, qui oblige à se déplacer, qui permet des interdictions claires aux mineurs, qui permet des interdictions chez les dépendants, rassure le médecin que je suis", dit-il.

La publicité plus forte que la prévention

Mais le médecin doute de l'efficacité de ces messages de prévention : "C'est un peu comme quand on allait dans les cafés. On vous met 'l'usage d'alcool est dangereux pour la santé', on a vu à quel point ça évite de se servir un verre", souligne ironiquement le psychiatre.

Michel Lejoyeux dénonce également "la pression de la publicité pour l'addiction" qui est, selon lui, "bien plus forte que le discours de santé publique". Il préconise la limitation de "cette incitation collective à se droguer à toutes ces choses, notamment le jeu qui est objectivement un comportement addictogène".

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