Adultère, mensonges et coup de bûche : les "amants diaboliques" à l'heure du jugement
Didier Barbot et son amante Stéphanie Livet sont jugés pour l'assassinat, en 2013, de l'épouse du premier. La cour d'assises de Nantes doit rendre son verdict lundi.
Ils encourent la réclusion criminelle à perpétuité. Didier Barbot et son amante Stéphanie Livet vont découvrir le verdict de la cour d'assises de Nantes (Loire-Atlantique), lundi 25 janvier, au terme d'un procès intense qui aura duré plus de dix jours. Les deux accusés sont poursuivis pour l'assassinat d'Anne Barbot, la femme de Didier Barbot, retrouvée morte dans une voiture calcinée dans un bois en 2013, à Saint-Michel-et-Chanveaux (Maine-et-Loire).
Ce procès aurait pu ne jamais voir le jour. Pendant des mois, les "amants diaboliques" ont cru passer entre les mailles de la justice grâce à leurs mensonges. Francetv info vous raconte comment le filet s'est finalement refermé sur eux, jusqu'à ce jour du jugement.
Un veuf "pas suspect du tout"
Le 16 mars 2013, en fin de matinée, lorsqu'il apprend que son épouse ne s'est pas présentée à son travail de caissière, Didier Barbot prévient les autorités. Cet agriculteur de 39 ans paraît "perdu, affolé", se souvient un gendarme.
Alors qu'une enquête pour disparition inquiétante est ouverte, le mari, accompagné de la famille et de proches du couple, se lance dans des opérations de recherches. "On a parcouru 25 km à la ronde, chemins, forêts, étangs, on n'a rien, aucune nouvelle, aucune voiture, aucune piste", dit-il, le 18 mars, devant les caméras. Un appel à témoins est lancé et un rassemblement est organisé devant la gendarmerie de Saint-Mars-la-Jaille, pour demander une intensification de l'enquête.
Didier Barbot se montre coopératif avec les enquêteurs, qui l'entendent pendant plusieurs heures. Il fournit une liste des amis de sa femme, mais aussi des cartes des environs, sur lesquelles il a inscrit toutes les zones ratissées. Le 20 mars, chez lui, les gendarmes recherchent d'éventuelles traces de sang dans la cuisine, les toilettes et la salle de bain. Sans surprise, ils ne trouvent rien. "Aucun élément ne laissait penser que monsieur Barbot pouvait être impliqué, il n'était pas suspect du tout", se souvient le gendarme chargé des investigations, Bruno Marchand.
Tentative de suicide
Le 28 mars, les espoirs de retrouver vivante la "disparue de Vritz" (du nom du village où résidait le couple) s'envolent. La gendarmerie découvre le corps calciné d'Anne Barbot, qui se trouve dans le coffre de sa voiture. Le véhicule a été incendié dans la forêt de Chanveaux, à une quinzaine de kilomètres de Vritz. "Retrouvez l'assassin avant moi, sinon je le tue", lance le mari aux enquêteurs.
Malgré le soutien de ses proches, Didier Barbot vit mal la période de deuil. Le jour de l'enterrement, pour faire taire une rumeur qui enfle, il assure aux centaines de personnes réunies dans l'église qu'il n'est pas "l'assassin" de sa femme. En mai, il tente de se suicider, sur le lieu où a été retrouvé le corps de son épouse. Puis la vie reprend, péniblement. L'agriculteur dit, en octobre, au Courrier de l'Ouest, qu'il travaille dur "pour ne pas trop y penser".
Le téléphone de l'amante "borne" sur les lieux du crime
Le 28 novembre, plus de huit mois après la disparition d'Anne Barbot, coup de tonnerre : Didier Barbot est mis en examen pour le meurtre de sa femme. Il est accompagné de sa maîtresse, Stéphanie Livet, poursuivie pour les mêmes faits. Le duo est passé aux aveux en garde à vue. Effondrée, la famille d'Anne Barbot se dit "écœurée". "Pour eux qui l'ont soutenu à chaque instant, qui le revoient encore pleurant dans leurs bras, c'est le cynisme à l'état pur", lâche un avocat au Parisien.
Comment les enquêteurs ont-ils réussi à confondre les deux amants ? En accumulant une série d'indices contre eux, grâce aux résultats de l'autopsie, à des données GPS et à des milliers d'auditions. Ils ont découvert la relation adultère entretenue depuis 2010 par Didier Barbot avec Stéphanie Livet, dont le téléphone portable avait "borné" près de la forêt de Chanveaux, la nuit de l'assassinat. Ils ont aussi détecté des incohérences dans le témoignage de Didier Barbot, qui assurait notamment avoir vu sa femme le matin du 16 mars au domicile familial, alors qu'elle était déjà morte en forêt.
"Pas d'autre solution que de tuer"
"Je ne pouvais pas lui dire que je la trompais depuis plus de deux ans", a expliqué Didier Barbot, jeudi, lors du procès, indiquant "n'avoir pas trouvé d'autre solution que de tuer". L'homme, qui était sur le point d'adopter un enfant avec son épouse, croyait aussi être le père du dernier enfant de son amante. "J'aimais deux femmes, j'en trahissais une. Je n'étais pas capable de divorcer. C'était ingérable", a-t-il avoué.
Présentée comme une maîtresse "possessive" par Didier Barbot, Stéphanie Livet a indiqué avoir agi "par amour" pour son amant. "J'ai compris que si on ne faisait pas ça, je le perdrais", a-t-elle reconnu.
Devant la cour, les deux accusés ont reconnu avoir prémédité le meurtre. Le soir du 15 mars, Stéphanie Livet a attiré Anne Barbot dans le garage des époux en coupant le compteur électrique. Le mari a alors assommé la victime avec une bûche, avant que la maîtresse ne l'étrangle avec une ficelle. Il appartient désormais au jury de trancher sur le niveau de responsabilité des deux accusés.
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