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Affaire Jacqueline Sauvage : "Cette affaire est très emblématique des situations de violences conjugales"

Françoise Brié, directrice générale de la Fédération Nationale Solidarité Femmes, est revenue sur franceinfo sur la tribune écrite par l'avocat général lors du procès en appel de Jacqueline Sauvage qui appelle à "restituer la vérité judiciaire". 

Article rédigé par franceinfo - Édité par Thomas Pontillon
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Françoise Brié, directrice générale de la Fédération Nationale Solidarité Femmes, le 5 mars 2018.  (THOMAS SAMSON / AFP)

L'affaire Jacqueline Sauvage "est très emblématique des situations de violences conjugales", a expliqué mardi 2 octobre sur franceinfo Françoise Brié, directrice générale de la Fédération Nationale Solidarité Femmes (FNSF), interrogée au lendemain de la diffusion sur TF1 d'un téléfilm consacré à l'histoire de cette femme condamnée à 10 ans de prison pour avoir tué son mari de trois coups de fusil dans le dos, puis graciée en 2016 par François Hollande. 

Françoise Brié rappelle qu'il y a très peu de femmes qui déposent plainte. La médiatisation de cette histoire peut "amener les femmes à sortir de la violence au plus tôt".  Alors que Frédéric Chevallier, l'avocat général lors du procès en appel de Jacqueline Sauvage a écrit une lettre pour "restituer la vérité judiciaire", Françoise Brié souligne qu'il est "dans la défense du rôle de l'institution" et rappelle "qu'on ne peut pas se faire justice soit même".


franceinfo : Vous comprenez la démarche de Frédéric Chevallier qui dit qu'il ne faut pas faire de Jacqueline Sauvage un symbole des femmes battues ?

Françoise Brié : Il est dans la défense du rôle de l'institution, ce qui est essentiel. Evidemment qu'on ne peut pas se faire justice soit même. Mais je pense que dans cette affaire, qui est très emblématique des situations de violences conjugales, il ne faut pas entendre de la part de toutes les associations qui se sont mobilisées autour de Jacqueline Sauvage, autre chose que la défense de l'ensemble des femmes victimes de violences. Sur les 28 femmes qui ont tué leur conjoint en 2016, 17 étaient victimes de violences conjugales. Ce sont des situations qui se répètent. Celle de Jacqueline Sauvage était très singulière.

Comme cette cause a du mal à se faire entendre, il faut trouver des emblèmes ?

C'est plutôt une affaire symbolique. Sa situation est complexe. 47 ans de violences, avec des filles victimes de viols, un fils qui s'est suicidé. C'était aussi une situation exceptionnelle. Cela ne justifie pas de tuer quelqu'un, mais il faut comprendre l'état des victimes, leurs peurs, les graves traumatismes qu'elles subissent. Il faut réfléchir en analysant l'ensemble des situations de ces femmes qui tuent leur conjoint pour trouver une solution. Il y a des situations où il y a des failles, où il n'y a pas les repérages nécessaires qui amènent à ces situations exceptionnelles.

L'auteur des coups n'a pas été jugé. Mais c'est difficile pour des femmes d'accomplir ce geste-là, d'aller porter plainte ?

Il y a très peu de femmes qui déposent plainte. C'est parfois extrêmement compliqué d'aller dans un commissariat ou dans une gendarmerie déposer une plainte contre son conjoint, contre le père des enfants. Elles ne savent pas comment va se dérouler la procédure. Ces situations de femmes qui ne déposent pas de plainte et sont face à des freins énormes, on les voit tous les jours. Il faut donner un message aux femmes victimes de violences. Il y a des numéros d'écoute comme le 39 19. Il y a des associations qui peuvent accompagner les femmes pour sortir de ce silence pour pouvoir déposer plainte. L'idée est d'amener les femmes à sortir de la violence au plus tôt.

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