Avant celle de Jacqueline Sauvage, quatre grâces présidentielles qui ont marqué l'Histoire
Au lendemain de la libération de Jacqueline Sauvage, retour sur quatre grâces présidentielles qui ont marqué les Français.
En 2012, François Hollande n'était pas favorable à la grâce présidentielle : "Cette prérogative rappelle quand même une autre conception du pouvoir", avait déclaré celui qui était encore candidat, lors de sa campagne électorale, comme le rapporte France 3.
Pourtant, le président a décidé, mercredi 28 décembre, d'accorder une grâce totale à Jacqueline Sauvage, incarcérée pour avoir tué son mari violent. Sous la Ve République, les chefs d'Etat ont fait jouer neuf fois cette remise de peine, partielle ou totale. Franceinfo vous décrit celles qui ont marqué l'Histoire.
"Omar m'a tuer" : la fin d'une saga judiciaire
"Omar m'a tuer". Ces mots, tracés avec du sang sur un mur blanc, ont passionné la France pendant une décennie. En 1994, Omar Raddad est condamné à 18 ans de prison pour homicide. Le jardinier est accusé du meurtre, en juin 1991, de Ghislaine Marchal, qui l'employait. Le procès est controversé, les preuves assez minces et les doutes planent sur la culpabilité de l'accusé.
Le président Jacques Chirac lui accorde une grâce partielle en mai 1996, ce qui permet à Omar Raddad d'être libéré en septembre 1998, après sept ans passés derrière les barreaux. Hassan II, le souverain du Maroc, dont le jardinier est ressortissant, en avait notamment fait la demande.
Le dernier condamné à mort : un geste politique
Le Nouvel Observateur l'avait surnommé "l'enfant condamné à mort". Philippe Maurice a 24 ans, en 1980, lorsqu'il est condamné à la peine capitale pour meurtre et complicité de meurtre. Il avait tué trois personnes, dont deux policiers, après une série de vols à main armée.
C'est François Mitterrand qui lui accorde une grâce présidentielle en mai 1981, quatre jours après son investiture, et transforme sa condamnation à mort en réclusion criminelle à perpétuité. "Le résultat des élections a sauvé ma tête", confie l'ex-détenu à Europe 1 en 2011, "en cas de victoire de Valéry Giscard d'Estaing, mon exécution serait intervenue dans les semaines qui ont suivi." La même année, la peine de mort est définitivement abolie. Philippe Maurice bénéficie d'une libération conditionnelle en 2000. Après avoir réussi son baccalauréat et une thèse d'histoire médiévale en prison, il est désormais chercheur à l'EHESS.
Un ancien milicien : une grâce très controversée
En 1971, Georges Pompidou accorde une grâce très controversée : celle de Paul Touvier. L'homme est l'ancien chef de la milice lyonnaise sous l'Occupation et a ordonné l'exécution de sept Juifs. Il est condamné à mort par contumace en 1946 pour complicité de crime de guerre. Il réussit à se cacher et joue de son réseau de connaissances pour demander ce geste présidentiel.
Comme l'explique l’historienne Bénédicte Vergez-Chaignon sur RTL, le journal L'Express révèle cette grâce en 1971, ce qui pousse les victimes à déposer de nouvelles plaintes pour crime contre l'humanité, imprescriptible. L'homme est finalement retrouvé en 1989, caché dans une abbaye. Il sera condamné à perpétuité en 1994 et décédera à la prison de Fresnes en 1996, à l'âge de 81 ans.
Le plus ancien détenu : l'autre geste de François Hollande
Philippe El Shennawy est l'homme de tous les records : il a passé trente-huit ans en prison, a été condamné à l'âge de 19 ans, s'est évadé deux fois et cumulait treize condamnations. Théoriquement, il n'était pas libérable avant 2032, soit à l'âge de 78 ans.
L'homme, né en Egypte, avait braqué une banque en 1975 puis, libéré une première fois en 1990, avait violé son interdiction de séjour à Paris pour aller voir son fils. En mars 2013, François Hollande décide de lui accorder une grâce partielle, qui annule la période de sûreté de trois ans lui restant à effectuer. Un petit pas vers sa libération. Le tribunal d'application des peines de Créteil approuve sa demande de libération conditionnelle le 22 janvier 2014.
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