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Jacqueline Sauvage raconte sa vérité dans un livre : "J’ai fermé les yeux et tiré trois fois"

Condamnée pour le meurtre de son mari violent puis graciée par François Hollande, elle publie "Je voulais juste que ça s'arrête". "Le JDD" en dévoile des extraits. 

Article rédigé par franceinfo
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Jacqueline Sauvage lors de son procès en appel, le 1er décembre 2015, devant la cour d'assises du Loir-et-Cher, à Blois. (MAXPPP)

Libérée de prison le 28 décembre après avoir été graciée par François Hollande, Jacqueline Sauvage raconte son histoire dans un livre, Je voulais juste que ça s'arrête (Fayard), en librairie lundi 27 février. Le Journal du dimanche en publie des extraits. 

Cette femme de 69 ans avait tiré trois fois dans le dos de son époux, le tuant après quarante-sept ans d'une vie commune marquée par les violences conjugales. Condamnée à dix ans de prison, elle a finalement passé trois ans et un mois derrière les barreaux. Devenue un symbole des femmes victimes de violences domestiques, Jacqueline Sauvage a suscité une intense mobilisation en faveur de sa libération. 

Dans son livre, elle relate notamment "ce jour-là", le 10 septembre 2012. "Ce jour-là, il avait juré de tous nous éliminer : 'Je vais te crever ! Je vais crever tes gosses !' Ce jour-là, il m’avait frappée. Un poing dans la lèvre. Ce jour-là, il m’avait coursée comme un animal apeuré dans la maison. Ce n’était pourtant pas la première fois, ni la centième. Une scène si routinière, une violence si fréquente. La peur. La douleur. La honte. Encore et toujours. Une fois, dix fois, cent fois", écrit Jacqueline Sauvage. 

Ce jour-là, ce fut différent. Une lueur encore inconnue dans ses yeux, une intonation particulière dans sa voix, dans ses cris. J’ai vu mes enfants morts.

Jacqueline Sauvage

dans "Je voulais juste que ça s'arrête"

"Je le sais, tout est de ma faute"

Elle poursuit : "Une minute plus tôt, après m’avoir traquée dans la maison, il était avachi sur le fauteuil, dans son maillot de corps blanc et son pantalon kaki, un bras pendant, l’autre accoudé sur la table blanche, main à portée de son whisky. Le cinquième. Il fixait la pelouse. Il me tournait le dos et parlait seul ; il ruminait sa haine envers moi et mes enfants, 'tous des bons à rien'." "J’ai passé la langue sur ma lèvre abîmée par lui, le goût du sang dans ma bouche. Je ne voyais plus rien. J’avais le fusil entre mes mains. J’ai fermé les yeux et tiré trois fois", raconte-t-elle.

Dans son ouvrage, Jacqueline Sauvage évoque également sa détention et son sentiment de culpabilité. "Je le sais, tout est de ma faute : même si j’étais terrorisée et démunie, j’aurais dû trouver le moyen de quitter mon sale bonhomme, ou du moins de porter plainte et de l’expédier en détention", écrit-elle. "Mais tant de fois il avait échappé à la justice, tant de fois il s’en était tiré. Il s’en sortait toujours. Comment croire qu’on aurait pu me protéger de lui, moi et mes enfants, alors que tous savaient et que personne n’a jamais rien fait ? Pas un signe, pas une parole, pas une main tendue."

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