Attentat de Strasbourg : le périple du terroriste reconstitué en 3D pour le procès, une première pour un attentat

En l'absence d'images de vidéo surveillance utilisables, la scène de crime, dans le marché de Noël de Strasbourg, a été reconstituée en 3D. La technique est inédite dans un procès pour terrorisme.
Article rédigé par Gaële Joly
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La façade du tribunal judiciaire de Strasbourg en 2022. (FRANCK KOBI / MAXPPP)

Au procès de l'attentat du marché de Noël de Strasbourg de décembre 2018, la Cour spécialement constituée a diffusé, mercredi 6 mars, une vidéo 3D de la scène de crime réalisée par la police scientifique. C'est la première fois que cette technique de 3D est utilisée pour un attentat.

Cette vidéo a été fabriquée à la demande de la juge d'instruction pour comprendre l'épopée meurtrière du terroriste Chérif Chekatt dans le centre-ville de Strasbourg, ce soir-là de 19h48 à 19h58. Dix minutes de terreur dont les enquêteurs n'ont aucune image : ni vidéo surveillance, ni vidéo amateurs. Alors il a fallu se les représenter. À la barre, le brigadier-chef de police scientifique explique qu'il s'est appuyé sur un scénario fourni par la Sdat, la sous-direction antiterroriste, qui a mené l'enquête et sur les témoignages des victimes.

Une vidéo discordante des souvenirs des rescapés

Cette vidéo dure dix minutes, en temps réel. Elle a donc été visionnée à l'audience. Mais les rescapés la jugent discordante avec leurs souvenirs. Tout simplement parce qu'il manque la foule, pourtant très nombreuse ce soir-là, selon quelques photos autour des chalets du marché de Noël.

C'est un choix de l'expert pour, dit-il, mieux voir les interactions avec les victimes. Alors on suit le terroriste dans les rues désertes du centre-ville. Il fait nuit. La 3D démarre rue des Orfèvres. Chérif Chekatt est en rouge. Il tue ses deux premières victimes, italienne et polonaise. Dessinées en bleu, elles deviennent grises quand elles sont touchées.

En tout, il va marcher un kilomètre : rejoindre la rue des Grandes Arcades où il tue, cette fois, un touriste afghan. Puis un père de famille français à la sortie d'un restaurant, rue du Saumon. Avant de terminer son périple macabre près du pont Saint-Martin où il assassine un touriste thaïlandais, avant de monter à bord d'un taxi et s'enfuir.

Une vidéo très décevante estime Mostafa Salahne, partie civile au procès : "C'est loin de la réalité, c'est loin de ce qui s'est passé ce soir-là. Au-delà des onze blessés graves et des cinq décédés, il y a des milliers de victimes. On le voit sur des images de vidéo surveillance : on était vraiment dans le pic à cette heure-ci, avec beaucoup de monde dans les rues de Strasbourg. Là, c'est complètement vide. Ces images en 3D, il était préférable de ne pas les diffuser." Le procès se poursuit, jeudi 7 mars, avec les auditions des proches du terroriste.

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