Charente : ce que l'on sait de l'abandon par sa mère d'un enfant de 9 ans, livré à lui-même pendant deux ans

Le tribunal correctionnel d'Angoulême a condamné, mardi, une femme de 39 ans à dix-huit mois de prison dont douze avec sursis. Son fils a vécu seul, entre 2020 et 2022, dans l'appartement familial.
Article rédigé par franceinfo
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Immeuble de Nersac (Charente), où un garçon a vécu seul dans un appartement entre ses 9 ans et ses 11 ans, de 2020 à 2022. (RENAUD JOUBERT / CHARENTE LIBRE / MAXPPP)

Pour la justice, c'est un "délaissement de mineur compromettant sa sécurité". A Nersac, en Charente, un garçon a vécu seul dans un appartement entre ses 9 ans et ses 11 ans. Le tribunal correctionnel d'Angoulême a condamné la mère, mardi 16 janvier, à dix-huit mois de prison dont douze avec sursis, soit six mois ferme, aménagés avec un bracelet électronique. A cela s'ajoute une obligation de soins, a rapporté le quotidien régional Charente libre. Franceinfo résume ce que l'on sait de cette affaire.

Seul dans un appartement entre 9 ans et 11 ans

L'enfant a vécu seul dans un appartement HLM de Nersac, dans la cité de la Foucaudie, entre 2020 et 2022, soit entre ses 9 ans et ses 11 ans. Dans ce logement situé au deuxième étage avec vue sur le cimetière de la commune, l'enfant s'est nourri de gâteaux ou encore de boîtes de conserve froides, précise Charente libre. En hiver, il a été contraint de dormir sous trois couettes, car, parfois, l'appartement, loué par sa mère, n'était pas chauffé et n'avait pas d'électricité.

De temps en temps, la mère de l'enfant prenait son scooter pour lui rendre visite et lui apporter à manger. Elle habitait à environ cinq kilomètres de là, à Sireuil, avec sa compagne. "Elle l'emmenait à l'épicerie du coin où, avec les bons du CCAS [Centre communal d'action sociale], elle pouvait lui acheter des gâteaux ou des surgelés. Mais lorsqu'il rentrait le soir, il était tout seul. Le matin, il était tout seul pour aller à l'école, puis au collège", a précisé sur BFMTV Antoine Beneytou, journaliste chargé des faits-divers à Charente libre.

Des voisins ont prévenu les gendarmes, l'école et le collège n'ont rien vu

"Pour moi, c'était normal, sa maman l'attendait chez lui. Je ne me doutais pas qu'il était seul chez lui", a relaté à TF1 un voisin de palier, dont la porte fait face à celle de l'appartement où a vécu l'enfant seul. D'autres ont fini par comprendre ce qui se tramait. "Je me suis fait un petit jardin, et le petit venait discrètement prendre des tomates pour manger", a raconté une voisine qui a souhaité rester anonyme. 

A l'école primaire, qui se trouve à quelques centaines de mètres de l'appartement, l'équipe pédagogique n'a rien vu. L'enfant, bon élève, ne montrait aucun signe pouvant suggérer qu'il vivait seul. Même chose au collège.

"Il était souriant, il était très bon élève, toujours propre, poli."

Barbara Couturier, maire de Nersac (Charente)

à TF1

Des élèves ont toutefois commencé à avoir des soupçons. "Il disait à des camarades qu'il mangeait tout seul et qu'il prenait le bus tout seul (...) Il ne sortait pas, il restait chez lui", a relaté un ancien camarade à TF1. Ce sont des voisins de l'enfant qui ont fini par prévenir les gendarmes d'Angoulême, avance le journaliste Antoine Beneytou, évoquant un lien social inexistant dans cette petite commune.

Placé en famille d'accueil, le fils ne veut plus voir sa mère

Lors du procès, la mère avait "réponse à tout" et était dans le "déni", relate le quotidien régional Charente libre. En analysant les données de son téléphone, les gendarmes ont mis en évidence qu'elle n'accompagnait pas son fils à l'école puis au collège et qu'elle n'allait pas non plus le chercher à la sortie des cours. Mais la femme de 39 ans a répondu qu'elle oubliait souvent son téléphone dans son autre domicile. Interrogée sur le fait que l'appartement de Nersac était, selon les enquêteurs, "très peu investi", avec notamment un réfrigérateur vide et aucune affaire lui appartenant, elle a répondu : "Ma brosse à dents est tombée derrière l'étagère."

Depuis la découverte de l'affaire, l'enfant a été placé dans une famille d'accueil. Il a été dit au procès qu'il évoluait "favorablement" et qu'il faisait preuve d'une grande autonomie. Alors qu'elle disposait d'un droit de visite, la mère ne l'a utilisé qu'à deux reprises. "Je ne suis pas une maman poule, mais ça reste mon fils", a-t-elle déclaré en sanglotant, d'après Charente libre. L'enfant, lui, refuse désormais de revoir sa mère.

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