Levée de boucliers à gauche après la convocation de Mathilde Panot pour apologie du terrorisme
"Mathilde Panot n'a jamais prononcé de propos qui puissent entrer dans cette qualification", affirme à franceinfo Jade Dousselin, l'avocate de la cheffe des députés insoumis à l'Assemblée nationale. Mathilde Panot a annoncé, mardi 23 avril, sa convocation par la police pour "apologie du terrorisme" dans le cadre d'une enquête ouverte à la suite d'un communiqué du groupe parlementaire publié le 7 octobre, jour de l'attaque sans précédent menée par le Hamas contre Israël.
L'avocate affirme qu'à ce stade ils ne bénéficient pas encore "d'élément précis" sur ce qui lui est reproché, ce qui est classique dans le cadre d'une audition libre. Elle estime qu'il s'agit du communiqué publié par les députés insoumis, après l'attaque du 7 octobre. Dans ces quelques lignes, LFI ne condamne pas fermement le raid du Hamas mais parle d'une "offensive armée qui intervient dans un contexte d’intensification de la politique d’occupation israélienne". Les Insoumis déploraient alors les morts israéliens et palestiniens et appelait à un cessez le feu immédiat.
Le texte avait fait polémique, signalé plusieurs fois auprès du pole national de lutte contre la haine en ligne ce qui implique automatiquement l'ouverture d'une enquête. C'est pourquoi Mathilde Panot va devoir se justifier auprès des enqueteurs. Seulement après son audition par la police, le parquet décidera ou non de poursuivre la procédure. Mais maître Dousselin affirme que "l'on peut déjà annoncer qu'aucun de ses propos ne peut entrer dans la qualification pénale d'apologie du terrorisme". Elle rappelle que c'est une "infraction extrêmement grave".
"Baillonner des expressions politiques"
Beaucoup de ces signalements ont été adressés par l'Organisation juive européenne, une association qui de lutte contre l'antisémitisme. Elle est "au service du gouvernement" israélien, dénonce le coordinateur LFI, Manuel Bompard. Si l'association ne confirme pas à franceinfo être à l'origine de la procédure contre Mathilde Panot, elle reconnaît avoir déposé plusieurs plaintes visant des Insoumis depuis le 7 octobre pour apologie du terrorisme et/ou provocation à la haine raciale. Parmi ces plaintes notamment, celle contre Rima Hassan, également convoquée par la police.
Sur X, Mathilde Panot fustige "l'instrumentalisation grave de la justice qui vise, selon elle, à baillonner des expressions politiques". Elle martèle que rien n'empêchera son parti de continuer à dénoncer, ce que les Insoumis appelle "un génocide palestinien". Sur les réseaux, levée de bouclier des Insoumis. Le leader, Jean Luc Mélenchon parle d'une menace, d'"un événement sans précédent dans l'histoire de notre démocratie".
Soutien aussi de certains membres de la Nupes : les écologistes Sandrine Rousseau, Cyrielle Chatelain et Benjamin Lucas, par exemple. Mais aussi le socialiste Philippe Brun. Sur X, il rappelle etre en désaccord politique sur les termes employés le 7 octobre par les Insoumis, mais juge "fou" de les qualifier d'apologie du terrorisme. La cheffe de file des députés insoumis "pourrait refuser de se présenter à cette audition libre, mais ce n'est pas le choix qu'elle a fait. Elle se présentera devant la justice". La date n'est pas encore connue. Elle était prévue jeudi 25 avril mais a été reportée à une date qui n'a pas encore été fixée.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.