Redoine Faïd arrêté : "Le mythe s'est dégonflé"
Le braqueur arrêté mercredi après trois mois de cavale "ne mérite aucune considération", estime Charles Pellegrini, ancien chef de l'Office central de la répression du banditisme.
"Le mythe s'est dégonflé", juge Charles Pellegrini, ancien chef de l'Office central de la répression du banditisme, sur franceinfo mercredi 3 octobre, après l'arrestation de Redoine Faïd dans la nuit à Creil (Oise). Le braqueur multirécidiviste s'était évadé en hélicoptère de la prison de Réau (Seine-et-Marne) le 1er juillet dernier.
franceinfo : L'interpellation s'est déroulée sans violence, peut-on parler d'une opération millimétrée ?
Charles Pellegrini : D'abord, coup de chapeau pour la police judiciaire. Ensuite, j'aimerais dire que le mythe s'est dégonflé. Redoine Faïd a été arrêté là d'où il était parti. Le fantasme des mojitos aux Caraïbes, tout ça, ça n'a pas tenu la route. Je pense qu'il n'a jamais quitté la France, il n'en avait pas les moyens. Il beaucoup impressionné les journalistes, mais moins dans son milieu. Il a été arrêté avec ses sbires, son frère et trois autres de sa garde rapprochée. Ses seuls et uniques soldats. Quand il a failli être arrêté près de Sarcelles, il avait du matériel de campement dans sa voiture, ça montre qu'il n'avait pas beaucoup de repères et de planques. Je suis convaincu qu'il n'a jamais été perdu de vue. Il a fait l'objet d'une opération classique pour la Brigade de recherche et d'intervention (BRI) : surveillance, estimations de tous les problèmes et surtout, pas de dommages collatéraux et pas de coup de feu parce que c'est aussi une préoccupation majeure. Vous savez, les héros, il y en a surtout chez les "fous drogués". Quand on entend le bruit des armes et qu'on sait qu'il y a la BRI, sauf si l'on est suicidaire, on lève les bras.
Il fallait attendre le moment opportun pour cette arrestation ?
Il est possible qu'il était repéré depuis longtemps, qu'on ait attendu que tout le monde soit là. Peut-être qu'ils préparaient un braquage. Il était clair que Redoine Faïd ne pouvait pas tenir longtemps sans ressources, compte tenu de ce que l'on savait, il n'avait pas grand-chose, il allait forcément repasser à l'acte (...) Comme beaucoup de policiers et d'anciens, je savais que son heure allait sonner et finalement elle a sonné dans les temps prévus.
A-t-on surestimé ce braqueur, pourtant violent, impliqué dans la mort d'une policière ?
Il ne mérite aucune considération. Il a fait le beau, il a séduit ceux qui voulaient se laisser séduire, mais n'a séduit personne de ceux qui connaissaient sa véritable personnalité. J'espère que maintenant, ce sera terminé, qu'il restera le temps qu'il faut derrière les barreaux et que la meilleure sanction, en dehors de l'enfermement, ce soit l'oubli.
Pensez-vous qu'il va tenter une troisième évasion ?
Bien sûr qu'il va tenter, jamais deux sans trois. Mais l'administration pénitentiaire est prévenue. Elle a quand même été assez malmenée dans cette affaire. Et les policiers en ont un peu marre parce qu'une traque de trois mois, ce n'est pas rien. Il y a des tas de gens sur le terrain, des moyens, de la fatigue pour les policiers, une intensité qu'ils auraient pu consacrer à autre chose. Maintenant, Redoine Faïd, c'est bon. Au trou ! Et qu'il y reste ! C'est aussi simple que ça. Tous les escrocs sont des beaux parleurs, il a séduit, mais il n'en reste pas moins qu'il était impliqué dans la mort d'Aurélie Fouquet [policière municipale tuée par balles le 20 mai 2010 à Villiers-sur-Marne].
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