Mort d'un pompier dans l'incendie de Gabian dans l'Hérault : cinq officiers seront jugés en correctionnelle pour "homicide involontaire"

Quatre pompiers ont été envoyés lutter contre un incendie dans un véhicule qui n'était plus aux normes à l'été 2016. Ils n'ont pas pu s'y réfugier. Trois d'entre eux ont été grièvement blessés, le quatrième a succombé. La hiérarchie avait pourtant été plusieurs fois avertie par écrit des dysfonctionnements du matériel.
Article rédigé par franceinfo - avec France Bleu Hérault
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
L'incendie de Gabian, le 10 août 2016 a fait quatre victimes chez les pompiers. L'un deux, Jérémy Beier, n'a pas survécu. (MICHAEL ESDOURRUBAIL / MAXPPP)

Cinq officiers, dont l'ancien numéro 1 des pompiers de l'Hérault, sont renvoyés devant le tribunal correctionnel pour "homicide involontaire" après la mort d'un pompier dans l'incendie de Gabian (Hérault), il y a huit ans, a appris France Bleu Hérault vendredi 11 octobre auprès de l'avocat de la mère de la victime, Me Luc Abratkiewicz. Le 10 août 2016 dans l'après-midi, quatre pompiers s'étaient retrouvés piégés dans leur camion au milieu d'un gigantesque incendie. Le feu était parti d'un mégot de cigarette jeté dans un fossé, le long de RD 13 à Gabian et le vent soufflait à 15-20 km/h.

Les pompiers auraient dû être protégés par la cabine du camion-citerne. Réfugiés à l'intérieur, elle aurait dû faire barrage aux flammes grâce aux systèmes de protection, comme de l'eau envoyée tout autour du véhicule pour former une sorte de bulle, en attendant que le front des flammes passe. La cabine devait aussi être étanche aux fumées pour préserver l'air respirable. Mais aucun des deux systèmes ne fonctionnait. La radio était également hors service.

Plusieurs notes avertissant de matériel défectueux

Les quatre pompiers ont préféré s'échapper. Trois d'entre eux ont été grièvement brûlés, le quatrième, Jérémy Beier, 24 ans, a succombé à ses blessures un mois et demi plus tard. "S'ils étaient restés dans le camion, il seraient morts", assène Luc Abratkiewicz, l’avocat des victimes et de leurs familles. Pourtant, les problèmes avaient été signalés à plusieurs reprises au moyen de notes écrites dans un cahier. Il y a eu au moins sept signalements durant l'été 2016, dont le dernier, seulement quatre jours avant le drame, rappelle France Bleu Hérault.

La hiérarchie était donc au courant des dysfonctionnements, selon les conclusions de l'enquête. Pourtant, le véhicule, qui n'était plus aux normes depuis plusieurs années, a été envoyé au front. Il est également reproché à la hiérarchie de n'avoir pas donné l'ordre d'évacuer la zone dangereuse à temps ou encore de ne pas avoir répondu aux demandes de largages aériens.  L'enquête est désormais close. Les cinq prévenus sont notamment poursuivis pour "homicide involontaire".

La date du procès n'est pas encore fixée. Le Sdis, le service départemental d'incendie et de secours, a quant à lui bénéficié d'un non-lieu dans le volet pénal de cette affaire, rappelle France Bleu Hérault. En revanche, le tribunal administratif de Montpellier l'a condamné à indemniser les victimes à hauteur de 877 000 euros au total.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.