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Procès du "pousseur du métro" : "On espère surtout qu'il ne s'en prendra pas à quelqu'un d'autre"

Le sans-abri, qui avait précipité une femme sur les rails de la ligne 6 à Paris le 28 avril, a été jugé irresponsable vendredi et évite la prison. Sa victime, rescapée, était présente à l'audience.

Article rédigé par Yann Thompson
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Un métro quitte une station, le 18 décembre 2012, à Paris. (JOEL SAGET / AFP)

C'était un coup de folie, au sens propre du terme. Reconnu coupable d'avoir précipité une femme sur les rails de la ligne 6 du métro parisien, le 28 avril, à la station Edgar-Quinet, un homme de 38 ans a été jugé pénalement irresponsable pour ces faits, vendredi 30 mai, par le tribunal correctionnel de Paris. Il sera hospitalisé d'office et devra suivre un traitement psychiatrique.

"Je tiens à m'excuser"

Assis dans un coin du box des prévenus, le dos droit et la tête haute, le sans-abri, rasé de près, dégage une douceur déconcertante, peu avant l'ouverture de l'audience. Il reste imperméable au ballet de la greffière et des avocats qui s'agitent devant lui. "Aveugle à 80%", selon son avocate, il laisse ses pupilles tournoyer avec frénésie.

"Je tiens à m'excuser auprès de la victime", s'empresse-t-il de clamer, à peine le président du tribunal lui a-t-il donné la parole. Les bras ballants le long d'un simple pull sombre et d'un pantalon de survêtement gris, il reconnaît les faits, mais évoque des "troubles psychiatriques" qui le tourmentent.

"Hantée" par sa chute

A moins de dix mètres de là, sa victime de 36 ans ne doit son salut qu'à "son jeune âge et à sa souplesse", qui lui ont permis de remonter sur le quai avant l'arrivée d'un métro, rappelle le président. Mutique, se fondant presque dans les boiseries de la 23e chambre avec son long manteau beige, la femme reste "hantée par les faits" et a "des difficultés à en parler", explique son avocate.

Derrière, assis dans le public, le mari de la victime, aussi pâle qu'elle, affiche un visage froid et marqué par plus d'un mois d'épreuve. Depuis les faits, sa femme, victime de douleurs au dos et incapable de remettre les pieds dans le métro, a été arrêtée par différents médecins. "Elle a cru mourir, elle est anéantie", insiste son avocate.

"Délires paranoïaques"

Rapidement, à la lecture du rapport d'un expert psychiatre, le président du tribunal lève le suspens sur la sentence. Le document fait clairement état d'un "délire de persécution" dont souffre le "pousseur". Ce dernier, persuadé d'être suivi en permanence, affirme avoir agi "par défense" face à l'une de ses persécutrices.

De l'avis du médecin, "les faits reprochés sont liés à la pathologie", qui a "aboli le discernement au moment des faits". Victime de "délires paranoïaques", le prévenu n'est "pas accessible à un jugement pénal" et "présente un état dangereux au sens psychiatrique", qui "nécessite une hospitalisation d'office".

Des vies à reconstruire

Le couple aux yeux rougis apprend le jugement d'irresponsabilité pénale depuis un banc en bois, sur lequel il s'est installé un étage plus bas, à l'écart de la salle d'audience, en attendant le délibéré. "Il y aura toujours un doute sur l'abolition du discernement de ce prévenu, qui permet cette forme d'immunité", commente l'avocate de la victime. "On espère surtout qu'il ne s'en prendra pas à quelqu'un d'autre", ajoute le mari, avant que le couple ne quitte les lieux, sans prendre le métro qui passe sous le tribunal.

Quant au "pousseur", jugé "curable et réadaptable" par le psychiatre, il dormira, dès vendredi soir, à l'hôpital psychiatrique. "Il a besoin de soins, mais pas d'aller en prison, se satisfait son avocate. Il a d'ailleurs été raillé et agressé pendant sa détention provisoire. Un codétenu lui a même fourré deux doigts dans les yeux en garde à vue."
 
Les deux parties se retrouveront, en octobre, au civil, pour examiner une demande de dommages et intérêts de la victime.
 

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