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Une femme accuse le marchand d'art suisse Yves Bouvier de lui avoir demandé de piéger à Paris un contrôleur fiscal qui enquêtait sur lui

Dans un signalement au parquet de Paris que franceinfo a pu consulter, une ancienne escort girl affirme qu’en septembre 2017, Yves Bouvier lui a demandé de prendre contact avec les personnes chargées d’une enquête fiscale à son encontre en Suisse.

Article rédigé par David Di Giacomo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Yves Bouvier, marchand d’art suisse, à Monaco en 2017. Photo d'illustration. (JEAN-FRANCOIS OTTONELLO / MAXPPP)

Une ancienne escort girl accuse le richissime marchand d’art suisse Yves Bouvier de lui avoir demandé de piéger un contrôleur fiscal qui enquêtait sur lui afin de le discréditer, a appris franceinfo de sources concordantes dimanche 20 décembre. Cette femme de 49 ans a adressé un signalement au parquet de Paris cette semaine, sur les conseils d'un avocat en Suisse, précise-t-elle. Dans ce signalement que franceinfo a pu consulter, elle affirme qu’en septembre 2017, Yves Bouvier lui a demandé de prendre contact avec les personnes chargées d’une enquête fiscale à son encontre en Suisse.

"Je devais le séduire"

"Le but", écrit-t-elle, "était de convaincre un des enquêteurs suisses de se rendre à Paris dans un appartement de M. Bouvier. Je devais le séduire pour qu’il se rende dans son appartement." Une autre personne employée par Yves Bouvier était chargée de prendre une photo de l’enquêteur dans l’appartement pour le piéger, toujours selon ses déclarations.

"Si le plan avait été mis en œuvre", prétend l’ancienne escort, le contrôleur fiscal suisse "aurait été pris en photo dans un appartement, propriété d’une personne sur laquelle il était chargé d’enquêter, et à Paris, donc dans une ville où il n’avait pas le droit d’enquêter (pour le droit suisse, une enquête fiscale menée à l’étranger nécessite une autorisation particulière)".

Après avoir approché l’enquêteur fiscal suisse une première fois, cette femme explique que le plan n’a finalement pas fonctionné "pour des raisons personnelles indépendantes de ma volonté et de celle de M. Bouvier". L’ancienne escort a notamment joint à son signalement l’enregistrement d’une conversation audio supposée être entre elle et le marchand d’art. "On va le piéger, je t'assure", dit la personne identifiée comme étant Yves Bouvier par cette femme, dans l'enregistrement que franceinfo a pu écouter.

"Des accusations saugrenues"

Contacté par franceinfo, l’avocat français d’Yves Bouvier, Me Philippe Valent, évoque "des accusations particulièrement saugrenues et rocambolesques". "On ne comprend pas ce que viendrait faire le parquet de Paris dans cette histoire, alors qu'il n'y a aucune enquête ouverte en Suisse, bien que ces faits aient déjà été évoqués par cette femme", ajoute l’avocat, rappelant également que cette femme "a déjà été condamnée et incarcérée en Suisse pour une série d’escroqueries".

L'escort girl avait déjà incriminé Yves Bouvier dans une autre affaire, l'affaire Zahia, du nom de cette jeune femme qui avait révélé avoir eu des relations sexuelles tarifées avec les footballeurs Franck Ribéry et Karim Benzema, qui ont depuis été relaxés. L'escort avait prétendu que Zahia était en réalité entretenue, à l'époque des faits, par Yves Bouvier, qui, selon elle, organisait des dîners libertins à Genève où il payait des jeunes femmes 2 000 euros par soirée.

Yves Bouvier a déjà eu affaire à la justice par le passé. En janvier 2015, le propriétaire du club de football de l'AS Monaco, le milliardaire russe Dmitri Rybolovlev, avait accusé Yves Bouvier de l'avoir escroqué en lui revendant avec des marges exorbitantes une collection de tableaux digne d'un musée, dont le Salvator Mundi [peinture attribuée par certains experts à Léonard de Vinci et vendue 450 millions de dollars en 2017], mais aussi des Picasso, Matisse, Van Gogh... La justice monégasque avait toutefois annulé la procédure.

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